La manifestation s'est déroulée après une « journée de pause » durant laquelle les Israéliens étaient appelés à se rassembler autour de la cause des otages et à réclamer leur libération. La mobilisation de cette journée, bien qu’importante, a sans doute été en deçà de ce que les organisateurs escomptaient. Cependant, de nombreuses entreprises et commerces ont fermé leurs portes, des protestations ont eu lieu à travers tout le pays — parfois même avec seulement quelques dizaines de personnes réunies sur la place d’une petite localité — et plusieurs routes ont été bloquées pour sensibiliser l’opinion à l’urgence de la situation.
Cependant, le soir, la mobilisation a été massive : près d’un demi-million d’Israéliens se sont rassemblés sur la place des Otages et dans les rues voisines de Tel-Aviv, pour exiger un accord global qui mettrait fin à la guerre. Bien que ce chiffre avancé par les organisateurs soit difficile à confirmer, nul doute qu’il s’agit de la plus importante manifestation qu’ait connue Tel-Aviv depuis le 7 octobre 2023 et que les participants se comptent par centaines de milliers.
Durant la soirée, des proches d’otages sont montés sur la tribune et ont lancé des appels poignants aux décideurs.
« Il y a deux semaines, nous avons reçu un signe de vie de notre Rom », a déclaré Ofir Braslavski, père de Rom Braslavski. « Rom est affamé, torturé et terrifié. Des Juifs, amaigris, implorant de l’aide, meurent. Mon Rom n’a plus de temps. Les otages — vivants ou morts — n’ont plus de temps. Arrêtez la guerre. Arrêtez de les abandonner. Nous sommes un pays fondé sur un destin commun et la responsabilité mutuelle — nous sommes un pays qui sanctifie la vie. »
Einav Zangauker, mère de Matan Zangauker, a exprimé la même urgence : « Mon cœur brûle pour mon Matan. Nous, ainsi qu’une nation entière, faisons du bruit pour toi — pour tous les otages. Nous exigeons un accord immédiat et global, et la fin de la guerre. Nous continuerons jusqu’à ce que nos enfants reviennent. »
Lishay Miran-Lavi, épouse d’Omri Miran, s’est adressée à la fois au public israélien et aux dirigeants internationaux : « Chaque action entreprise aujourd’hui est une bouée de sauvetage — pour les otages, pour les familles, et pour notre peuple. Président Trump, le peuple israélien veut leur retour. Le monde veut leur retour. Faites en sorte que cela arrive. Concluez cet accord. »
Elad Or, frère de feu Dror Or — assassiné à Be’eri aux côtés de son épouse Yonat — a partagé son chagrin : « Trois de mes neveux enlevés ont été libérés lors de l’accord de 2023. Les Israéliens se sont levés avec nous aujourd'hui et ont montré que ce n’était pas un jour comme les autres. La grève a révélé la vérité : les Israéliens veulent le retour des otages et rejettent le projet d’occupation de Gaza. Assez. »
Nadav Rudaeff, fils de Lior Rudaeff — enlevé et dont le corps se trouve encore à Gaza — a insisté sur l’urgence de sortir les survivants de l’enfer de Gaza : « Leur temps est compté. »
Hana Cohen, tante d’Inbar Haiman, assassinée alors qu’elle était en captivité, a réclamé le retour de sa dépouille : « Ta mère t’attend pour étreindre le cercueil où tu reposeras en paix. Inbar est une survivante de la Shoah de troisième génération. Son arrière-grand-père est enterré dans une fosse commune en Roumanie — et son arrière-petite-fille est enterrée à Gaza. Est-ce logique ? Sauvez-la, ainsi que tous les otages. »
Maccabit Mayer, tante de Gali et Ziv Berman, a, quant à elle, souligné la solidarité nationale : « Depuis ce matin, nous recevons des vidéos de tout le pays montrant des gens agir. C’est cela, le sens de “Tout Israël est uni” : des millions de personnes qui considèrent Gali et Ziv comme des membres de leur propre famille. J’espère que les otages verront ces images depuis les tunnels et que cela leur donnera la force de tenir. »
À la fin du rassemblement, le Forum des familles d’otages a annoncé que cette « journée de pause », à laquelle plus d’un million de personnes avaient participé depuis le matin à travers des centaines d’initiatives en Israël, était terminée : « Merci ! D’ici, nous allons seulement intensifier nos efforts. Restez à nos côtés jusqu’au retour du dernier otage. »