Le général Yaniv Asor, commandant du secteur Sud, a publié dans les mois précédant sa nomination un article détaillé analysant les relations entre Tsahal et la société israélienne. Il y critique sévèrement la politisation de l'armée, la crise du service militaire et le statut des militaires de carrière et réservistes. Ce texte a été dévoilé par le correspondant militaire de Galei Tsahal, Doron Kadoch.
Selon Asor, la politique a pénétré les rangs de l'armée ces dernières années, nuisant à sa cohésion et à son statut public. "La société israélienne traverse un long processus de questionnement identitaire et de profond conflit social. Malheureusement, Tsahal sert d'arène de compétition entre différents agendas politiques et idéologiques, qui se sont intensifiés ces dernières années et ont porté atteinte à Tsahal et à la confiance du public", écrit-il.
Le général insiste sur la nécessité pour Tsahal d'être "étatique, dépourvu d'agendas et apolitique", agissant avec fermeté contre ceux qui dérogent à ces principes.
Asor aborde les défaillances du 7 octobre en pointant du doigt la "conception des ressources humaines" comme facteur significatif : "Au cœur de cette conception se trouvait le sentiment des dirigeants de l'appareil sécuritaire et militaire qu'il existe un problème de résilience dans la société israélienne, incapable de supporter les coûts de la guerre. Par conséquent, des approches 'contournant' le problème se sont développées, sans coût apparent, comme... les tirs à distance ; d'où le refoulement des manœuvres terrestres."
Dans la suite de son article, il critique l'idée de "l'armée petite et intelligente", voulue notamment par Benny Gantz quand il était chef d'état-major et les tendances à l'allègement du service militaire et de réserve. Il note que des mesures comme la réduction du service militaire, la fermeture d'unités combattantes et les limitations légales sur la durée du service de réserve ont affaibli l'aptitude de l'armée.
"L'ampleur de la guerre, sa durée, ses enseignements et ses défis sécuritaires nous obligent à adopter l'approche d'une armée grande, intelligente, entraînée, équipée et budgétisée", écrit-il.
Le général observe que l'ethos du combattant à Tsahal a été remplacé par un ethos technologique de "service significatif", réservant une place de choix aux unités technologiques au détriment des unités combattantes.
Concernant la question des réservistes, Asor appelle l'Etat à marquer une préférence au regard des droits pour ceux qui servent dans Tsahal.