Dans un contexte de tensions persistantes au nord d’Israël entre Tsahal et le Hezbollah, un message très différent émerge de la sphère politique libanaise. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Joe Rajji, a récemment ouvert la porte à des négociations directes avec Israël, affirmant publiquement que « rien n’est tabou » dans un dialogue politique. Des propos largement commentés dans la presse arabe après leur diffusion sur MTV Liban et relayés par MEMRI. Un discours qui tranche radicalement avec la rhétorique martiale du Hezbollah et qui, surtout, révèle une ligne officielle libanaise de plus en plus distincte de celle de la milice soutenue par l’Iran.
À contre-courant de la propagande du Hezbollah, Youssef Rajji affirme clairement que « l’option militaire n’a pas fonctionné » et que seule une issue « politique et diplomatique » peut désormais servir les intérêts du Liban. Surtout, il insiste sur l’application intégrale des résolutions 1701 et 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui exigent le désarmement des milices et le rétablissement de la souveraineté de l’État libanais. Dans la presse arabe, cette prise de position est largement interprétée comme une tentative du gouvernement de reprendre la main sur le dossier sécuritaire, en se démarquant du Hezbollah, qualifié en creux de force étrangère agissant pour le compte de Téhéran.
Le ministre a également souligné que l’aide américaine est exclusivement destinée à l’armée régulière libanaise et non à une « milice parallèle », allusion directe au Hezbollah. Une précision lourde de sens, alors que le Liban est aujourd’hui dirigé par le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, tous deux engagés dans une politique de rééquilibrage diplomatique. Vu depuis la presse arabe, ce discours confirme une réalité de plus en plus visible : le gouvernement libanais ne soutient plus politiquement la stratégie militaire du Hezbollah face à Israël, au moment même où le front nord reste l’un des plus explosifs de la région.