En pleine guerre, les finances publiques d’Israël affichent un contraste saisissant. Selon une révision interne du ministère israélien des Finances révélée par Globes, les recettes de l’État pour 2025 devraient atteindre 550,2 milliards de shekels, soit un surplus cumulé de 33,1 milliards par rapport aux prévisions votées lors de l’adoption du budget. Cette mise à jour provient d’un rapport technique de l’Administration générale des comptes, piloté par Shmuel Abramson, économiste en chef du ministère. Mais cette performance fiscale ne signifie en aucun cas un retour à l’équilibre budgétaire : le déficit public lié aux coûts directs et indirects de la guerre reste massif, sous l’effet de l’explosion des dépenses militaires, des indemnisations civiles et de la reconstruction, comme le souligne également le ministère des Finances.
Cette envolée des recettes ne traduit pas une croissance économique naturelle. D’après l’analyse publiée par Globes, elle repose avant tout sur une série de facteurs exceptionnels : la taxation massive des dividendes après l’adoption de la loi sur les « bénéfices bloqués », le retour sous forme d’impôts d’une partie des indemnisations versées aux réservistes et aux populations évacuées, ainsi que la performance historique de la Bourse de Tel-Aviv. À cela s’ajoute le succès spectaculaire de la réforme « Israel Invoices », destinée à lutter contre les fausses factures et l’économie souterraine : selon les données officielles du ministère des Finances, ce dispositif a déjà permis de récupérer près de 15 milliards de shekels supplémentaires pour le fisc, bien au-delà des estimations initiales.
Dans le même temps, le gouvernement a abaissé sa prévision de croissance du PIB pour 2025 à 2,8 %, contre 4,3 % envisagés en début d’année, un niveau également inférieur aux estimations de la Banque d’Israël. Interrogé par Globes, le professeur Benjamin Bental (Reichman University) met en garde contre une lecture trop optimiste de ces chiffres : cette dissociation entre recettes fiscales élevées et croissance atone impose, selon lui, une extrême prudence dans la préparation du budget 2026. Malgré l’objectif officiel d’un rebond économique à 5,2 %, l’exécutif devra arbitrer entre allégements fiscaux pour les ménages, soutien aux secteurs sinistrés par la guerre et impératif de maîtrise d’un déficit public alourdi par des dépenses sécuritaires et civiles sans précédent.