Une étude longitudinale menée par l’Université de Tel-Aviv met en lumière une augmentation marquée des symptômes de stress post-traumatique -TSPT- chez les soldats combattants de Tsahal, notamment après leur participation à la guerre "Épées de fer". Réalisée sur plusieurs années, en collaboration avec l’armée israélienne, l’étude a porté sur 579 soldats de la brigade d’infanterie enrôlés en mars 2019. Les chercheurs ont évalué les participants à cinq moments clés : au moment de l’enrôlement, après 15 mois de service, après 27 mois, six mois après la libération, puis un an et demi après la libération – période qui coïncide avec la guerre actuelle.
Les résultats montrent une hausse progressive et constante de la fréquence des symptômes au fil du temps. Alors que moins de 0,5 % des soldats présentaient des signes de TSPT à leur enrôlement, ce chiffre est passé à 2,6 % après un an et demi de service, 4,4 % en fin de service, puis 8 % six mois après leur démobilisation. La guerre "Épées de fer", survenue un an plus tard, a marqué un tournant : 12 % des participants mobilisés pour les combats ont alors déclaré souffrir de symptômes compatibles avec un diagnostic clinique de TSPT, soit près du double par rapport à la période post-service en temps de paix.
Le professeur Yair Bar-Haim, directeur du Centre national pour le traumatisme et la résilience à l’Université de Tel-Aviv, qui a dirigé l’étude, souligne : « Ces chiffres révèlent une détérioration préoccupante de la santé mentale des combattants. Environ 2 500 soldats par an développent des symptômes de stress post-traumatique rien qu'en période de routine militaire, sans parler des guerres. »

Professeur Bar-Haïm, directeur du Centre national pour le traumatisme et la résilience à l’Université de Tel-Aviv, crédit : Université de Tel-Aviv
Il rappelle que l’environnement militaire fournit une structure de soutien émotionnel et comportemental qui disparaît souvent à la démobilisation, ce qui peut expliquer la montée des troubles après la fin du service.
Bar-Haim insiste sur le besoin urgent de repenser le suivi des soldats après leur retour à la vie civile : « La guerre a intensifié les blessures psychologiques, mais une part importante du traumatisme émerge en dehors du champ de bataille, dans la solitude du retour. »