Le Festival de Cannes s’ouvre aujourd'hui entre glamour sur le tapis rouge et tension politique en coulisses. Le cinéma engagé y a toujours trouvé sa place, mais dans le contexte international actuel, certains choix éditoriaux ne passent pas inaperçus.
Le cinéaste Nadav Lapid, l’un des réalisateurs israéliens les plus reconnus sur la scène internationale, a été écarté de la sélection officielle. Son nouveau film, "Yes!", ne sera pas projeté en compétition, mais dans la section parallèle de la Quinzaine des cinéastes. Une relégation notable pour un réalisateur qui avait pourtant remporté le Grand Prix du Jury à Cannes en 2021 avec Le Genou d’Ahed. Selon plusieurs sources, ce déclassement serait lié à des conflits internes au sein du comité de sélection. Mais en coulisses, certains n’excluent pas que les positions politiques très critiques de Lapid à l’égard d’Israël aient refroidi certains décideurs, dans un contexte international où la parole israélienne est souvent scrutée, voire mise à l’écart.

Nadav Lapid, libre de droits
"Yes!" a été réécrit après les massacres du 7 octobre. Une satire sur la société israélienne, son élite culturelle et la notion de patriotisme – des thèmes d’une brûlante actualité : Israël au lendemain du 7 octobre. Y., musicien de jazz précaire, et sa femme Jasmine, danseuse, donnent leur art, leur âme et leur corps aux plus offrants, apportent plaisir et consolation à leur pays qui saigne. Bientôt, Y. se voit confier une mission de la plus haute importance : mettre en musique un nouvel hymne national. Le film, qui se voulait à l’origine plus léger, a pris une tonalité grave, en écho direct avec les secousses politiques et émotionnelles traversées par Israël depuis l’attaque du Hamas.

Tiré du film Yes!, crédit : Relations Presse Festival de Cannes
Côté israélien toujours, une autre voix se fait entendre cette année à Cannes : celle de la réalisatrice Or Sinai. Son premier long-métrage, "Mama", sera présenté dans la section « Séances spéciales ». Révélée il y a dix ans par un court-métrage primé à la Cinéfondation, Sinai incarne un cinéma israélien féminin, intimiste, audacieux – bien loin des discours politiques mais profondément ancré dans la réalité locale.

Tiré du film Mama, crédit : Relations Presse Festival de Cannes