Deux incidents de sécurité survenus en moins de 24 heures à la frontière israélo-jordanienne ravivent les inquiétudes concernant la vulnérabilité de ce secteur sensible, souvent relégué au second plan des priorités sécuritaires. Dimanche, deux infiltrés non armés ont réussi à passer en territoire israélien avant d’être appréhendés par des habitants du moshav Yardena, et la veille, samedi, un ressortissant étranger avait déjà été intercepté par des civils après avoir franchi la frontière près de Sha'ar HaGolan.
Pour de nombreux habitants du sud du pays, notamment dans l’Arava, ces incidents ne sont pas des anomalies mais les symptômes d’un danger structurel ignoré depuis trop longtemps. Le sentiment d’abandon est palpable : la sécurité dans les zones périphériques semble délaissée - routes sans présence militaire visible, patrouilles rares, surveillance lacunaire- alors que leur position géographique en fait des points d’entrée potentiels pour des éléments hostiles. Une brèche ici, estiment certains, met en péril la sécurité bien au-delà de la région.. Les chiffres sont parlants : près de 4 000 personnes ont franchi illégalement la frontière jordanienne en 2024, sans que les services de sécurité soient en mesure d’identifier ou de filtrer ces entrées. Derrière chaque migrant se cache, selon des observateurs locaux, une menace potentielle. Le manque de contrôle effectif transforme la frontière en passoire, et cette perméabilité attise les craintes d’attentats futurs.

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Mais ce n’est pas seulement l’immigration illégale qui alimente la colère et l’angoisse. Le trafic de drogue, d’armes et même d’animaux via la Jordanie est un phénomène bien connu dans la région. De plus en plus de voix affirment qu’une infrastructure terroriste est en train de s’y implanter, soutenue par l’Iran, qui finance, forme et arme divers groupes, notamment affiliés au Hamas et aux Frères musulmans.
Dans les localités frontalières, la comparaison avec les mois qui ont précédé le 7 octobre revient souvent. Ce sentiment que l’histoire bégaie, avec des signes avant-coureurs évidents que personne ne veut voir. Là aussi, des incursions mineures, des tests répétés du système de défense, avaient précédé l’attaque. Aujourd’hui, le scénario semble se répéter, cette fois à l’est.