Dernière ligne droite avant l’instauration d’avertissements visuels percutants sur les paquets de cigarettes en Israël : la commission de l’économie de la Knesset devrait approuver lundi un règlement imposant des avertissements graphiques sur les emballages de cigarettes classiques comme électroniques. Un changement attendu de longue date : voilà quatorze ans que le ministère tente d’imposer ces images sur les paquets. L’un des opposants les plus notables à la mesure fut à l’époque… le ministre de la Santé lui-même, Yaakov Litzman.À l’image de quelque 160 pays déjà engagés dans cette stratégie éprouvée, Israël adoptera ainsi un outil considéré comme redoutablement efficace pour dissuader les fumeurs, en particulier les plus jeunes. Mais elle fera encore un pas de plus en devenant l’un des premiers pays au monde à appliquer cette obligation également aux cigarettes électroniques.

Les images prévues sont sans détour : dents cariées, poumons obstrués par des mégots, cœur en flammes, crâne fumant ou encore berceau de nourrisson enveloppé dans une brume de tabac. Elles seront accompagnées de messages en hébreu et en arabe comme : « Fumer cause des maladies et une mort prématurée » ou « Fumer pendant la grossesse augmente le risque de mort subite du nourrisson ».

Le ministère de la Santé, à l’origine de la réforme, prévoit aussi de faire figurer sur les paquets des coordonnées de services d’aide au sevrage tabagique. L’entrée en vigueur est prévue courant 2026.

Selon un sondage de l’Association israélienne de lutte contre le cancer, 84 % des Israéliens soutiennent l’ajout de ces avertissements visuels, et parmi les fumeurs interrogés, 74 % estiment qu’ils pourraient effectivement les dissuader de fumer.

« Une image vaut mille mots — et désormais, elle pourrait aussi sauver des vies », affirme l’association, qui salue une mesure jugée essentielle pour briser l’attractivité du tabac et réduire les taux de consommation. « Il est crucial de créer un lien immédiat entre les méfaits sur la santé et le produit mortel. Les fumeurs doivent recevoir un rappel constant du danger qu’ils courent. »

Le professeur Zvi Friedlender, crédit : Hadassah

Le professeur Zvi Friedlender, chef du service de médecine interne à l’hôpital Hadassah et président de l’Association israélienne de pneumologie, soutient pleinement cette avancée : « Toute mesure contribuant à lutter contre le fléau du tabac est bienvenue. Espérons qu’elle influencera les comportements à court comme à long terme. Le meilleur moyen d’arrêter de fumer reste de ne jamais commencer. Notre responsabilité collective est de réduire le tabagisme, en particulier chez les jeunes. »

Il insiste cependant sur la nécessité de compléter cette législation par des actions concrètes : « Il faut renforcer considérablement l’application des lois existantes, faire avancer la fiscalité, les restrictions publicitaires et investir une part significative des revenus tirés des taxes sur le tabac dans la lutte contre le tabagisme. Cette législation est un jalon important dans le combat contre le principal facteur de maladies évitables. »