Cette étude menée par IMPACT-se -l'Institut de surveillance de la paix et de la tolérance culturelle dans l'enseignement scolaire- s'appuient sur 294 manuels scolaires publiés entre 2023 et 2025 et révèle des enseignements ambivalents. Certains chapitres prônent la tolérance et la coexistence pacifique, évoquant notamment le message d’Amman de 2004, tandis que d’autres propagent des stéréotypes antisémites, comme l’idée que la traîtrise serait une "caractéristique naturelle des Juifs".
Les livres d’éducation islamique accusent également les Juifs d’avoir dominé l’économie de la ville de Médine par l’usure, autrement dit qu'ils contrôlaient l’économie locale en prêtant de l’argent à intérêt. Et présentent l’intervention de Mahomet comme nécessaire pour libérer la société musulmane de leur emprise. Le traitement de la Shoah est tout aussi inquiétant : elle est totalement absente des manuels, qui minimisent par ailleurs les crimes nazis en les justifiant par le traité de Versailles.
La notion de djihâd est enseignée sous un angle militariste, valorisant le martyre et appelant à la lutte contre les "infidèles combattants". Certains manuels justifient même les attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par le Hamas, qualifiant les victimes civiles israéliennes de "colons" vivant dans des "colonies israéliennes" entourant Gaza, légitimant ainsi assassinats et enlèvements.
Le traité de paix de 1994 avec Israël est rarement mentionné, ou alors présenté comme une manœuvre tactique pour contenir les "ambitions cupides" d’Israël. Les manuels suppriment Israël des cartes, accusent l’État hébreu d’événements historiques comme l’incendie de la mosquée Al-Aqsa en 1969, et adoptent une rhétorique complotiste.

26 octobre 1994, Israël et la Jordanie signent le traité de paix, crédit : Maison Blanche
Pour IMPACT-se, ce double discours — prônant la paix tout en attisant la haine — nuit gravement à la stabilité régionale d'où l'urgence d'une réforme des programmes scolaires jordaniens.