Lors d’un échange avec des familles endeuillées, dont des parents de soldats tombés lors de la bataille pour le poste de Kissoufim, l’ex-chef de Tsahal a reconnu que l’armée avait été totalement surprise par l’attaque du Hamas. « Dès la première évaluation de situation le jour même, j’ai dit clairement : ‘Tsahal a échoué et moi, en tant que son commandant, j’ai échoué.’ Même des mois plus tard, cette responsabilité nous incombe toujours », a-t-il affirmé.
Herzi Halevi a quitté ses fonctions début mars. Il a assumé sa part de responsabilité très tôt dans la guerre et dit n’avoir jamais nié l’ampleur des défaillances. Face aux proches de soldats tués, il a décrit une armée préparée à des scénarios jugés « réalistes », mais bien inférieurs à ce qui s’est réellement produit. « Nous avons été confrontés à une attaque massive surprise. Pendant des années, certaines hypothèses circulaient. Il y avait pourtant des éléments qu’on aurait pu repérer. Les unités étaient prêtes au pire scénario que nous estimions plausible — bien moins grave que ce qui s’est passé. Cela a généré des écarts de préparation, y compris dans le niveau d’alerte de l’armée de l’air, et d’autres facteurs qui auraient pu changer la donne. »
Il reconnaît également que la stratégie de tromperie du Hamas a joué un rôle central dans l’effet de surprise. Concernant les signaux d’alerte qui auraient été ignorés, Halevi reste prudent : « Il y a eu, durant la nuit, des signes suspects. Certains avaient déjà été observés dans le passé. Face à ces signaux, deux actions sont menées : des vérifications, comme dans un diagnostic médical – on reçoit une indication, puis on observe ce qu’il y a autour pour voir si le phénomène est local ou plus large. »
Selon lui, les vérifications ont alors donné des résultats "rassurants" : « Tout semblait se dérouler comme d’habitude. Rétrospectivement, on aurait pu mener ces vérifications plus en profondeur, et peut-être en tirer d’autres conclusions. »
Interrogé sur les critiques concernant la « conception » stratégique de l’establishment sécuritaire, Halevi cite l’exemple de la « barrière de Jéricho », une métaphore pour illustrer les limites du renseignement : « À deux reprises, nous avons reçu des informations. Elles sont parvenues à certains niveaux, mais pas à tous — non pas par malveillance ni par volonté de dissimulation. Ceux qui les ont reçues les ont interprétées comme une idéologie du Hamas, un rêve lointain. Et à l’époque, c’était probablement une lecture correcte. »
»Lors de la rencontre, un père endeuillé a rapporté que, selon le chef du Shin Bet, Ronen Bar, une alerte claire avait été transmise à 1h30 du matin à tous les échelons concernés, annonçant une attaque majeure imminente. « Je vous le dis de façon catégorique : je ne sais pas à quoi Ronen fait référence, mais aucune alerte concernant une attaque d’envergure n’a été reçue » a réagi Halevy.