Selon le quotidien turc Cumhuriyet, la chaîne de télévision publique allemande ARD aurait adressé un ultimatum à l’Union européenne de radiotélévision -UER- : si Israël était exclu du concours de l’Eurovision sous la pression internationale, l’Allemagne se retirerait également. Cette menace aurait été décisive pour permettre à Israël de participer à l’édition 2025, malgré les appels au boycott émis par plusieurs diffuseurs européens.
L’information provient de Dr Martin Gak, un journaliste germano-juif installé en Turquie et connu pour ses positions critiques envers la politique israélienne. Dans une interview accordée à l’agence de presse turque Anadolu, il décrit l’Allemagne comme l’acteur clé qui aurait fait pencher la balance au sein de l’UER. Tandis que certains pays européens réclamaient la suspension d’Israël en raison de la guerre à Gaza, les représentants allemands auraient fermement rejeté cette option, allant jusqu’à affirmer qu'une exclusion d’Israël entraînerait immédiatement le retrait de l’Allemagne.
Un poids lourd ne se menace pas à la légère : avec sa population — la plus importante parmi les pays participants —, son statut de membre du "Big Five" -qui garantit une place automatique en finale- et sa contribution financière majeure à l’UER, l’Allemagne est un pilier de la compétition. Son retrait aurait représenté un choc économique et symbolique considérable pour l’organisation.
Selon Gak, alors que plusieurs membres de l’UER tentaient de coordonner une action collective contre Israël, les Allemands ont coupé court aux discussions. « Dès qu’Israël a été mentionné, l’Allemagne a fermé la porte », déclare-t-il. « Ils ont été clairs : si Israël est exclu, nous le sommes aussi ».

L’article du Cumhuriyet adopte un ton ouvertement critique envers Israël et plaide pour son exclusion du concours. Gak compare la situation à celle de la Russie, exclue de l’Eurovision 2022 à la suite de son invasion de l’Ukraine, et s’interroge : « Pourquoi les règles d’image et de réputation qui s’appliquaient alors ne s’appliquent-elles pas à Israël ? Ce n’est pas une question de morale, mais de stratégie de communication. »
Il va plus loin en affirmant que la décision de maintenir Israël ne s’expliquerait pas uniquement par des considérations économiques ou audiovisuelles, mais aussi par le poids politique de l’Allemagne au sein de l’UER. Il évoque des pressions exercées par ARD sur d’autres diffuseurs, leur indiquant que toute tentative d’exclusion d’Israël serait perçue comme une attaque contre l’Allemagne. « L’Allemagne n’est pas un membre comme les autres », résume Gak. « C’est un acteur dominant qui impose ses règles, même sur des questions politiques ou éthiques ».