L’opération qui a ciblé Mohammed Sinwar, frère cadet et successeur de Yahya Sinwar, aurait visé une réunion exceptionnelle de la haute hiérarchie du mouvement terroriste, tenue en violation des protocoles de sécurité internes de l'organisation. C'est ce que rapporte le Wall Street Journal.
La rencontre s’est déroulée dans un tunnel situé à proximité de l’hôpital européen de Khan Younès – un lieu jugé hautement sensible et habituellement interdit aux rassemblements de cadres de l'organisation terroriste. Cette entorse aux règles de sécurité aurait permis aux services de renseignement israéliens de repérer une rare « fenêtre d’opportunité » que l'armée n’a pas manqué d’exploiter.
Parmi les personnes tuées figureraient également Mohammed Shabana, chef de la brigade de Rafah, ainsi que plusieurs autres hauts gradés du Hamas. Toujours selon le quotidien américain, les discussions portaient sur les modalités d’un éventuel cessez-le-feu. La concentration inhabituelle de responsables de haut rang dans un même espace, sans camouflage adéquat, aurait offert à Israël l’occasion de neutraliser plusieurs cibles stratégiques d’un seul coup.
Mohammed Sinwar, qui agissait dans la plus grande clandestinité et était surnommé « l’Ombre », était réputé pour son extrême prudence. Des sources issues de pays arabes indiquent que son corps aurait été retrouvé le lendemain de l’attaque, puis enterré de manière provisoire dans la galerie où s’était tenue la réunion. Le Hamas n’a pour l’heure pas confirmé officiellement sa mort – une réserve qui, selon les mêmes sources, s’expliquerait par de fortes dissensions internes concernant la nomination de son successeur.
Selon plusieurs analystes, la montée en puissance de Mohammed Sinwar après l'élimination de son frère Yahya lui aurait conféré une autorité considérable, allant jusqu’à éclipser certaines règles élémentaires de sécurité. Une prise de risque qui se serait avérée fatale, et qui inflige au Hamas l’un de ses coups les plus sévères au sein de son appareil militaire opérationnel.