Des enregistrements d'un échange entre David Zini et les habitants du kibboutz Mefalsim en bordure de Gaza ont été publiés par la chaine israélienne Kan. David Zini, nommé il y a quelques jours chef du Shin Bet par Netanyahou et alors général au sein de l'état-major de Tsahal évoque les raisons de la débâcle du 7 octobre.
Ce jour-là, il a lui-même quitté son domicile sur le Plateau du Golan pour se rendre dans le sud et a participé avec bravoure aux combats dans le kibboutz Mefalsim.
Pour lui, les défaillances de ce jour constituent un « échec colossal, pire encore que celui de la guerre de Kippour ».
Selon des informations rapportées par Kan, Zini estime que l’origine du désastre réside moins dans le nombre de soldats déployés que dans une doctrine de défense inadaptée. « Nous nous étions organisés pour des missions de routine sécuritaire, pas pour faire face à une offensive surprise de grande ampleur. C’est à ce niveau que tout s’est joué. Notre incapacité à comprendre la méthode de l’ennemi est, à mes yeux, le cœur de l’échec », a-t-il affirmé.
Balayant les hypothèses de négligence intentionnelle, il a poursuivi : « Je comprends ceux qui s’interrogent : comment une armée dotée d’un tel niveau de renseignement a-t-elle pu manquer ce qui était pourtant visible ? Mais il serait trop simple d’imputer cela à quelques individus négligents. Ce type de défaillance peut survenir sans qu’il y ait forcément faute intentionnelle. Le véritable problème est structurel : une armée se doit de détecter ce qu’on tente de lui dissimuler. Nous avons échoué sur plusieurs principes fondamentaux du métier militaire, et pas sur un point unique. »
Zini a ensuite détaillé plusieurs erreurs stratégiques : « Nous avons permis à l’ennemi de s'établir à proximité de notre frontière. Nous avons privilégié la tranquillité à l’initiative militaire, alors qu’il existe des cas où une guerre préventive s’impose pour neutraliser une menace. Nous n’étions pas préparés à une attaque massive. Notre défense était fondée sur la dissuasion et l’alerte, mais le temps entre la sortie des terroristes de Shuja’iya et leur arrivée à Nahal Oz était insuffisant pour permettre une quelconque réaction. »
Concernant l’armée de l’air, Zini a souligné les limites du système : « Notre conception sécuritaire repose sur l’alerte et sur plusieurs heures de préparation. Or, ce qui n’a pas été anticipé prend énormément de temps à être mis en œuvre : préparer les avions, mobiliser les techniciens, charger les munitions… Et quand les bases sont elles-mêmes prises pour cibles, la capacité d’action diminue. Ce n’est qu’aux alentours de 9h30-10h que les premiers appareils ont pu intervenir. »
Enfin, s’adressant aux habitants du kibboutz, Zini a exprimé des excuses : « Au nom de Tsahal, je tiens à vous présenter nos excuses. Aucun mot ne peut suffire à exprimer la responsabilité que nous avons face à la société civile pour cet échec retentissant. Nous ferons tout pour qu’un tel drame ne se reproduise jamais, pour que les leçons soient tirées et appliquées dans la durée. »