Une affaire révélée par le Telegraph fait grand bruit en Grande-Bretagne. Le quotidien rapporte qu'un manifestant juif a été arrêté et inculpé pour avoir brièvement brandi une pancarte satirique se moquant de l'ancien dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah, alors qu'un manifestant pro-palestinien exprimant son soutien aux attaques du 7 octobre n'a fait l'objet d'aucune poursuite.
L'incident remonte à septembre dernier, dans le quartier de Swiss Cottage, au nord-ouest de Londres. Lors d'une marche pro-palestinienne, un citoyen britannique qui a souhaité conserver l'anonymat participait à une contre-manifestation. Il tenait une pancarte représentant une caricature de Hassan Nasrallah accompagnée d'un bipeur et de la mention "Bip, bip, bip", en référence à l'opération israélienne au Liban qui a permis l'élimination de centaines de membres du Hezbollah.
La pancarte n'a été brandie que pendant moins de trois minutes, mais cela a suffi à attirer l'attention des forces de l'ordre. Une semaine plus tard, lors d'une nouvelle manifestation au même endroit, l'homme a été arrêté pour suspicion d'incitation raciste.
L'affaire s'est aggravée avec une perquisition de la police domicile du manifestant à la recherche de "matériel offensant". L'enregistrement de son interrogatoire, obtenu par le Telegraph, révèle des échanges particulièrement troublants. Un enquêteur lui demande à plusieurs reprises : "Ne pensez-vous pas que montrer cette photo à des gens qui sont clairement des partisans du Hezbollah et anti-israéliens incitera à la haine raciale ?" Face à cette question, son avocat, stupéfait, a répliqué : "Vous dites qu'il y avait des partisans du Hezbollah là-bas ? Il s'agit d'une organisation terroriste interdite." Malgré cette remarque, l'enquêtrice a poursuivi l'interrogatoire, reconnaissant être au courant du statut du Hezbollah.
Le manifestant a finalement été libéré mais inculpé d'incitation à la haine religieuse ou raciale. Il a fallu attendre huit mois, jusqu'au 10 mai, pour que le parquet abandonne les poursuites, invoquant un manque de preuves. Cette lenteur judiciaire contraste singulièrement avec le traitement réservé à un autre manifestant présent le même jour. Un participant pro-palestinien avait été enregistré en train de crier "J'aime le 7 octobre" et "J'aime toute organisation qui commence par la lettre H", allusion transparente au Hamas et au Hezbollah. Bien qu'arrêté pour suspicion d'infractions terroristes, aucune charge n'a été retenue contre lui.
Cette différence de traitement a provoqué l'indignation de nombreux élus britanniques. Le député conservateur Chris Phillip a accusé la police d'appliquer la loi de manière sélective : "La police ignore les appels au djihad et à l'Intifada dans les rues de Londres, mais arrête un homme pour une pancarte satirique. La loi devrait s'appliquer à tous de manière égale – ce n'est pas ce qui s'est passé ici."
Le député Ian Austin, lui-même visé par une enquête pour avoir qualifié le Hamas d'"islamistes" sur Twitter, s'est montré tout aussi critique : "C'est tout simplement incroyable que quelqu'un soit arrêté et emprisonné pour une pancarte qui pourrait être interprétée comme une satire politique, alors que des partisans du terrorisme sont en liberté. Il s'agit d'une situation préoccupante et il est temps que le Parlement intervienne."
Face aux critiques, la police a tenté de minimiser l'incident, affirmant que "l'enquêtrice avait simplement confondu les partisans du Hezbollah et les partisans palestiniens". Un porte-parole a ajouté que "l'affaire a été soigneusement examinée et étudiée. Nous en tirerons les leçons à l'avenir."