Le musée d'Auschwitz-Birkenau a publié une déclaration particulièrement ferme sur le réseau X pour condamner l'utilisation de l'intelligence artificielle dans la création d'images fictives représentant les victimes du camp d'extermination nazi. Cette prise de position fait suite à la découverte de publications problématiques sur une page Facebook.
La controverse est née des publications de la page Facebook "Histoire des années 90", qui mélange de véritables informations historiques sur les victimes de l'Holocauste avec des images générées par intelligence artificielle. Cette approche a provoqué l'indignation du musée, gardien de la mémoire du site historique.
"L'utilisation de l'intelligence artificielle pour créer des images fictives des victimes d'Auschwitz – comme le fait la page Facebook 'Histoire des années 90' – n'est pas un hommage. C'est un profond manque de respect envers la mémoire de ceux qui ont souffert et ont été assassinés à Auschwitz", a déclaré l'institution dans sa lettre de protestation.
Le musée souligne que le problème dépasse la simple utilisation d'images factices. "Ce qui rend cela particulièrement troublant, c'est que leurs publications contiennent du contenu réel - y compris des noms, des dates et des faits biographiques tirés directement de nos publications - mais ils combinent ces informations avec des images fabriquées générées par l'intelligence artificielle qui induisent les téléspectateurs en erreur."
L'institution insiste sur la valeur documentaire irremplaçable des images authentiques : "L'histoire d'Auschwitz est bien documentée. Altérer ses archives visuelles avec des images générées par l'IA crée une distorsion, quelle que soit l'intention."
Le musée va plus loin en expliquant l'enjeu mémoriel fondamental de cette question : "Les images authentiques sont souvent les seules preuves qui subsistent de la vie d'un individu détruit à Auschwitz. Remplacer ces preuves par des images obtenues par intelligence artificielle manipule la mémoire. Ce n'est pas de l'éducation. C'est une forme de distorsion."
Le musée conclut sa déclaration par un appel direct et sans équivoque aux créateurs de ce type de contenu : "Cessez immédiatement cette pratique. Si votre intention est d'éduquer et d'honorer la mémoire des victimes d'Auschwitz, faites-le avec intégrité. Il n'est pas nécessaire de rendre la tragédie d'Auschwitz plus visuelle, plus 'émotionnelle' ou plus 'partageable'. Il faut s'en souvenir avec honnêteté. Honorer les victimes."