Une enquête menée par l’organisation IMPACT-se met en lumière les limites de la représentation des Juifs et de l’antisémitisme dans les manuels scolaires français. Bien que conformes aux principes de paix et de tolérance de l’UNESCO, ces manuels sont accusés de minimiser l’apport des Juifs à l’histoire de France et de ne pas refléter la réalité de l’antisémitisme contemporain.

L’étude, qui s’inscrit dans une recherche européenne couvrant huit pays, a analysé les programmes et manuels d’histoire du collège au lycée. Elle souligne "une surreprésentation des thèmes de persécution" — notamment l’affaire Dreyfus et la Shoah — au détriment d’une vision plus complète de la vie juive en France, historique comme actuelle.

« Il est essentiel d’enseigner comment les Juifs ont vécu, pas seulement comment ils sont morts », a déclaré Marcus Sheff, PDG d’IMPACT-se. Il regrette aussi l’absence de figures clés comme Rachi ou de mentions significatives de la contribution juive à la culture française.

Le rapport pointe également une couverture « limitée et superficielle » de l’antisémitisme moderne, incluant peu d’exemples concrets de crimes haineux, de théories du complot ou d’attentats ciblant des communautés juives. L’implication du régime de Vichy dans la déportation des Juifs est jugée minimisée.

En revanche, l’enseignement de la Shoah est salué pour sa richesse documentaire et sa capacité à susciter l’empathie. La couverture de la création d’Israël est jugée globalement équilibrée, bien que centrée sur le conflit israélo-palestinien, avec peu de place accordée à l’histoire longue du lien entre le peuple juif et la Terre d’Israël.

Alors que la France abrite la plus grande population juive d’Europe, IMPACT-se appelle à une révision des contenus éducatifs. Le ministère de l’Éducation nationale aurait, selon Sheff, accueilli favorablement les conclusions du rapport, en vue d’une révision des programmes prévue cet été.