Ce mardi matin, deux centres de distribution humanitaire ont ouvert dans la bande de Gaza, dans le cadre d’un nouveau dispositif visant à empêcher le Hamas de s’emparer de l’aide.
Le premier centre a été mis en place à Tel al-Sultan, à Rafah, et le second dans la zone de Morag, entre Khan Younès et Rafah, au sud de l’enclave.

Un des points de distribution de l'aide alimentaire. Photo: Tsahal
Des milliers de Gazaouis s’y sont rendus pour récupérer des colis alimentaires en échange de coupons. Les centres devaient initialement ouvrir dimanche, puis lundi, mais des retards logistiques de la société américaine en charge de l’opération ont repoussé le lancement. Les premiers habitants ont pu accéder aux centres à la mi-journée, recevant des colis contenant pâtes, farine, te'hina, riz, sauce tomate, fèves, thé, biscuits et autres denrées de base. Les centres doivent rester ouverts jusqu’à 19h.

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Selon la société de sécurité américaine encadrant l’opération, la distribution a commencé à 9h30. L’entreprise affirme que le Hamas a tenté de bloquer l’accès aux centres en érigeant un barrage, finalement contourné par les habitants quelques heures plus tard. À 14h40, quelque 400 chefs de famille avaient déjà reçu des colis, destinés à nourrir environ 2 500 personnes. De nombreux autres attendaient encore à l’extérieur. Certains auraient crié : « Merci, l’Amérique ! »
Un responsable de la fondation GHF (Gaza Humanitarian Foundation) a déclaré : « Aujourd’hui, c’est le vrai premier jour de la guerre. Jusqu’à maintenant, on combattait des terroristes, mais la vraie question est de savoir qui contrôle Gaza : le Hamas, l’ONU, ou les États-Unis et les Palestiniens modérés qui veulent simplement vivre ? Celui qui contrôle la distribution alimentaire, contrôle Gaza. »
Contrairement à la méthode actuelle utilisée par l’ONU, qui repose sur des livraisons en gros à des points de distribution ou à des commerces – ce qui facilitait la mainmise du Hamas – cette nouvelle approche permet à chaque chef de famille de venir récupérer directement un colis alimentaire. Aucun enregistrement ni contrôle n’est effectué sur place, afin de gagner la confiance de la population, malgré les risques d’abus.
Les centres, censés fonctionner en continu, sont conçus pour éviter les mouvements de foule dangereux grâce à des files d’attente organisées. Chaque site couvrira les besoins alimentaires d’environ 300 000 personnes. Plusieurs dizaines de camions doivent les approvisionner chaque jour. Les installations sont protégées par des gardes armés américains – mais sans présence de l’armée israélienne, conformément à l’exigence du chef d’état-major Eyal Zamir. Tsahal surveille toutefois la situation depuis les airs et par des moyens de renseignement.
La Fondation humanitaire a officiellement lancé ses opérations sur le terrain, avec l’arrivée des premiers convois. Elle prévoit d’augmenter progressivement le volume de l’aide. Dans la foulée, la fondation a annoncé la nomination de John Acree comme directeur par intérim, à la suite de la démission surprise du PDG Jake Wood. Acree possède plus de 20 ans d’expérience dans l’aide humanitaire, la coordination civilo-militaire, la réponse aux catastrophes et les transitions post-conflit.

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Pour le journaliste Amit Segal, il s'agit d'un véritable tournant dans la guerre: ''Cette fois, il s’agit d’un afflux massif de Gazaouis venus chercher de l’aide sans que le Hamas n’en tire le moindre profit. Autrement dit, l’organisation n’exerce ni contrôle sur les ressources, ni influence sur la population. Les foules acclament la société étrangère chargée de la distribution. L’un d’eux a même brandi un drapeau américain. Des centaines de personnes ont piétiné un barrage du Hamas qui tentait d’empêcher la distribution », a rapporté le journaliste, en joignant des images de la scène.