Depuis le début de la guerre à Gaza, la Jordanie ne cesse de condamner publiquement Israël. Du retrait de son ambassadeur à Amman au gel de l’accord tripartite sur l’eau et l’énergie avec Israël et les Émirats arabes unis, en passant par son vote en faveur de l’expulsion de l’ambassadeur israélien et un appel à l’embargo sur les armes, le royaume hachémite a multiplié les gestes diplomatiques forts. Officiellement, les relations semblent au plus bas. Pourtant, en coulisses, la coopération sécuritaire entre les deux pays reste bien vivante.
En avril 2024, le royaume a participé, aux côtés des États-Unis, à l’interception de missiles et de drones lancés par l’Iran contre Israël. Quelques semaines plus tard, des responsables jordaniens prenaient part à une réunion à Manama, à Bahreïn, en présence de représentants de Bahreïn, des Émirats, d’Arabie saoudite et d’Égypte. L’ancien chef d’état-major israélien, Herzi Halevi, et le commandant du CENTCOM américain, Michael Erik Kurilla, étaient également autour de la table pour discuter d’une coopération sécuritaire régionale.
Malgré les discours musclés, Amman poursuit ainsi ses échanges discrets avec Israël. Les préoccupations sécuritaires communes, notamment face à la présence iranienne en Syrie et aux répercussions d’un éventuel départ de Bachar el-Assad, rendent cette coordination indispensable.
La Jordanie a su jouer habilement sur deux tableaux. D’un côté, elle apaise une opinion publique majoritairement d’origine palestinienne en affichant une fermeté diplomatique. De l’autre, elle maintient une coopération stratégique avec Israël, jugée vitale pour la stabilité régionale. Un équilibre délicat, mais assumé.