Pour la première fois en 50 ans, des plans détaillés de bases nucléaires russes ont fait l'objet d'une fuite dans une base de données publique, provoquant la stupeur des experts. L’enquête conjointe des médias Danish Denwatch et Der Spiegel, qui ont analysé plus de deux millions de documents d’achats militaires russes, révèle des failles majeures dans la sécurité d’État.
Les documents concernent notamment les bases des forces de missiles stratégiques près de Yasny, abritant les planeurs hypersoniques Avangard. Y figurent des détails précis sur les dispositifs de sécurité — clôtures électriques, capteurs radioactifs, portes blindées, emplacement des caméras — mais aussi des éléments anodins comme l’aménagement des dortoirs ou les équipements de musculation.
La fuite, la plus vaste depuis les années 1960, met en lumière une modernisation massive de l’arsenal nucléaire russe, amorcée bien avant le discours marquant de Poutine en 2018 : reconstruction complète de bases, creusement de tunnels souterrains, création de centaines de nouveaux bâtiments.
Malgré un durcissement de la loi sur les appels d’offres militaires en 2020, des documents sensibles ont continué à être publiés en ligne jusqu’à l’été 2024.
Des conséquences stratégiques majeures
Plus de 50 000 militaires servent dans les forces russes de missiles stratégiques, qui contrôlent près de 900 ogives nucléaires opérationnelles. Leur devise en dit long sur leur rôle : « Après nous, le silence. » Cette faille survient alors que la course aux armements nucléaires s’accélère, et que les traités internationaux de désarmement volent en éclats. Depuis avril 2020, aucun contrôle mutuel n’a été effectué entre les États-Unis et la Russie dans leurs installations nucléaires.