Selon le Wall Street Journal, Washington prépare la présentation à Téhéran d’un document qui présente sa demande explicite de cessation de l’enrichissement de l’uranium, un droit sur lequel l’Iran reste intransigeant tout au long des négociations.
Un haut responsable américain a averti : « Si l’Iran refuse ces conditions, elle risque de ne pas passer une très bonne journée ».
Israël a déjà transmis à Washington ses lignes rouges et les conditions qu’il juge indispensables à un accord solide et acceptable. Selon des responsables israéliens, Donald Trump, perçu comme un président dominant et convaincu de l’importance des accords, est bien parti pour conclure un deal. Ils attribuent ce uccès partiel à la capacité d’Israël à affaiblir les forces proxi iraniennes.
Le responsable américain cité dans le journal reconnaît « quelques désaccords avec Israël sur la méthode », mais ajoute que « notre approche pourrait évoluer si les Iraniens refusent de négocier ».
En Israël, la préparation à tous les scénarios est en cours, et selon des sources officielles, « Israël n’autorisera jamais l’Iran à posséder l’arme nucléaire ». Concernant la possibilité d’une frappe militaire, les responsables expliquent qu’en 2011, l'establishment de la Défense jugeait une telle action inutile et impossible. Aujourd’hui, le consensus est totalement inversé : tous considèrent que l’option militaire est à la fois nécessaire et réalisable, au vu de l’avancée du programme nucléaire iranien. Cependant, Israël et les États-Unis ont convenu de s’avertir mutuellement en cas d’action surprise.
Toujours selon le Wall Street Journal, une attaque contre les installations nucléaires iraniennes retarderait certes le programme, mais entraînerait aussi une escalade avec de multiples cycles de combats et un effort accru pour forcer Téhéran à renoncer à son ambition nucléaire — voire à renverser le régime. Des sources occidentales indiquent que cette opération pourrait retarder le programme d’au moins un an, sans certitude quant à ses conséquences à plus long terme.
Le journal américain met aussi en lumière le réseau de tunnels renforcés qu’Iran creuse sous l’usine d’enrichissement de Natanz. Des initiés du programme iranien affirment que ces travaux ne sont pas encore terminés, mais une fois achevés, ils permettront à Téhéran de produire du matériel en protégeant ses installations des frappes aériennes, tout en relançant son programme nucléaire, cette fois dans des sites encore plus sécurisés.
Il y a quelques jours, deux sources officielles iraniennes ont déclaré à l’agence Reuters que la République islamique pourrait suspendre son enrichissement d’uranium en échange de la libération de fonds iraniens gelés par les États-Unis, ainsi que de la reconnaissance de son droit fondamental à l’enrichissement à des fins civiles. Ces sources évoquent un possible « accord politique » qui ouvrirait la voie à un futur traité nucléaire plus large.
Dans ce cadre, Téhéran proposerait de stopper l’enrichissement pour une durée d’un an et d’exporter une partie de son uranium hautement enrichi, ou de le convertir en pastilles de combustible pour usages civils. Cette pause temporaire pourrait permettre de débloquer les négociations sur des points clés, notamment sur la question sensible de la poursuite par l’Iran de l’enrichissement d’uranium sur son sol.
La revendication iranienne de poursuivre l’enrichissement, matière première à la fabrication d’une bombe nucléaire, constitue l’un des principaux points de discorde avec Washington. Tandis que les États-Unis ont oscillé entre demandes de limitation stricte et interdiction totale, Téhéran a constamment affirmé qu’un arrêt complet de cette activité serait inacceptable.

Le site d'enrichissement d'uranium de Natanz, pas de crédit mentionné
Il faut rappeler qu’au début des négociations, l’Iran disposait déjà, selon les estimations, d’uranium enrichi à 60 % — un seuil très proche des 90 % nécessaires à la fabrication d’armes. Cette quantité permettrait en une semaine de produire assez de matière fissile pour plusieurs bombes. Le précédent accord de 2015, dont les États-Unis se sont retirés en 2018 sous l’administration Trump, plafonnait l’enrichissement à 3,67 %, un niveau civil, afin de freiner le chemin vers l’arme nucléaire.