On parle souvent de mourir de chagrin comme d’une image. Pourtant, en médecine, cela porte un nom : le syndrome du cœur brisé, ou Takotsubo. Cette pathologie cardiaque est provoquée par un stress émotionnel aigu, capable de perturber le fonctionnement du cœur, jusqu’à l’arrêt. Les symptômes ressemblent à une crise cardiaque, mais les artères sont intactes. L’événement déclencheur ? Souvent une perte brutale, un deuil, un choc profond.
C’est ce qui aurait emporté Tamar Kotz, survivante du kibboutz Kfar Aza. Le 7 octobre, son fils Aviv, sa belle-fille Livnat et leurs trois jeunes enfants — Rotem, Yonatan et Yiftach — ont été assassinés dans leur mamad. Depuis, Tamar ne s’est jamais remise. « Elle souffrait d’un chagrin inconsolable », témoigne sa cousine, la professeure Rachel Elior. « Son corps a tenu, mais son âme a lâché. »
Le Dr Daniel Koukoui, cardiologue en Israël, explique : « Lors de traumatismes émotionnels extrêmes, le corps libère des hormones du stress en quantité dangereuse pour le cœur. Chez les personnes âgées ou fragiles, cela peut suffire à provoquer un effondrement cardiaque. »
Tamar Kotz est devenue l’une des victimes invisibles du 7 octobre. Pas tuée par une balle ou un missile, mais par l’écho du massacre sur son propre cœur. Une réalité silencieuse, mais bien présente — quand le deuil devient, lui aussi, une cause de mort.