La Marche des fiertés s'est déroulée à Jérusalem ce jeudi, dix ans jour pour jour après l'assassinat de Shira Banki, une jeune fille de 16 ans poignardée lors de l'édition 2015 par un extrémiste religieux. Environ 5 000 personnes ont participé au défilé, protégées par un dispositif sécuritaire d'envergure comprenant quelque 2 000 policiers.
Pour la première fois de son histoire, un président israélien en exercice a assisté à la Marche des fiertés de Jérusalem. Isaac Herzog s'est rendu sur les lieux exacts où Shira Banki a été assassinée, délivrant un message de tolérance et de fermeté face à la violence.
"Nous sommes venus ici pour nous souvenir et rendre hommage à une jeune fille Israélienne venue pour faire le bien, Shira Banki, assassinée ici il y a dix ans", a déclaré le président. "Nous devons intégrer et respecter une convention sociale sans équivoque : la violence n'a sa place en aucune circonstance. Nous refusons toute forme de violence dans notre société."
La journée a été marquée par plusieurs incidents liés à la confiscation de pancartes et d'autocollants par les forces de l'ordre. La police a notamment tenté de fermer un stand vendant des autocollants critiquant le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et appelant à l'arrêt de la guerre à Gaza, au motif que le défilé n'était "pas un événement politique". Cette intervention a provoqué la colère des organisateurs et de militants pour les droits civiques.
Plusieurs figures politiques ont toutefois profité de l'événement pour délivrer des messages à forte connotation politique. Le chef de l'opposition Yaïr Lapid, présent à la marche, a directement visé les membres les plus conservateurs du gouvernement : "Avi Maoz, Smotrich et Ben-Gvir ne nous diront pas qui aimer. Tant qu'Avi Maoz introduira des contenus homophobes dans les établissements scolaires, la lutte ne s'arrêtera pas."
Uri Banki, père de Shira, a fait part, dan un discours, de son inquiétude quant à l'état de la société israélienne : "Dix ans se sont écoulés depuis le meurtre de Shira et il semble que trop de personnes persistent à nous entraîner dans l'abîme. Les paroles dures précèdent toujours les actes durs."
Contre-manifestation
En parallèle de la Marche des fiertés, des dizaines de militants de l'organisation Lehava ont organisé une contre-manifestation. Brandissant des slogans tels que "Ce n'est pas de la fierté, c'est une abomination" ou "Jérusalem n'est pas Sodome", ils ont exprimé leur opposition à l'événement.
Benzi Gopstein, président de Lehava, a justifié cette mobilisation : "Ce défilé remet en cause les valeurs de la famille juive et l'identité juive de l'État. Nous protestons contre le blasphème et la profanation de Jérusalem." Il a également établi un parallèle avec les contestations contre la Cour suprême, y voyant une remise en cause généralisée des "identités et des cadres" traditionnels.