L’administration Trump a franchi un nouveau seuil dans sa confrontation avec la Cour pénale internationale -CPI. Jeudi, Washington a imposé des sanctions inédites contre quatre juges de la juridiction internationale, accusés d’avoir pris part à des « actions illégitimes et infondées » visant les États-Unis et Israël. Cette décision intervient dans le contexte des mandats d’arrêt émis le 21 novembre contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, dans le cadre de l’enquête de la CPI sur de soi-disant crimes de guerre à Gaza.
Les juges visés sont Solomy Balungi Bossa d'Ouganda), Luz del Carmen Ibanez Carranza du Pérou, Reine Adelaide Sophie Alapini Gansou du Bénin et Beti Hohler de Slovénie. Ils figurent désormais sur la liste noire du Trésor américain, ce qui signifie que leurs avoirs potentiels aux États-Unis sont gelés, et qu’il est interdit à tout citoyen américain d’avoir des transactions avec eux, sauf exemption spéciale.
Dans un communiqué, le secrétaire d’État Marco Rubio a dénoncé la CPI comme une institution « politisée », l'accusant d’outrepasser ses compétences et de menacer la souveraineté des États-Unis et de leurs alliés.
Le Premier ministre israélien a salué cette décision sur X :
« Merci au président Trump et au secrétaire d’État Rubio pour avoir sanctionné les juges politisés de la CPI. Vous défendez avec justice le droit d’Israël, des États-Unis et de toutes les démocraties à se protéger contre le terrorisme barbare »
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, a également exprimé sa reconnaissance, soulignant que ces sanctions renforcent l’alliance israélo-américaine et la lutte commune contre ce qu’il appelle des « dérives politisées ». .
De son côté, la CPI a vivement réagi, qualifiant ces mesures de tentative manifeste de saper son indépendance. L’institution rappelle qu’elle agit dans le cadre du Statut de Rome, ratifié par 125 États membres, et qu’elle représente un espoir pour les victimes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Elle déplore une attaque non seulement contre ses juges, mais aussi contre l’ensemble de son personnel et l’état de droit.
Cette réponse américaine suit celle de novembre 2024, au moment où la CPI avait émis des mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant, suscitant une vague d’indignation en Israël et à Washington. À l’époque déjà, Trump avait signé un décret exécutif imposant des sanctions contre le procureur de la CPI, Karim Khan qui depuis, éclaboussé par une enquête interne pour inconduite sexuelle, a pris congé de ses fonctions. Israël avait alors demandé à la procureure par intérim, Nazhat Shameem Khan, d'annuler les mandats d'arrêt, demande rejetée