Politique

007 à Balfour ?

L’ancien chef du Mossad, Yossi Cohen, envisagerait de se lancer en politique si de nouvelles élections sont annoncées

3 minutes
8 juin 2025

ParNathalie Sosna Ofir

007 à Balfour ?
Crédit : Flash90

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L’ancien chef du Mossad, Yossi Cohen, envisagerait de se lancer en politique si de nouvelles élections sont annoncées. Sollicité à plusieurs reprises ces dernières années par Benjamin Netanyahu, Naftali Bennett ou encore Avigdor Liberman, Cohen semble désormais enclin à emprunter une voie indépendante. Sa décision définitive dépendra toutefois de la dissolution effective de la Knesset.

Longtemps perçu comme un successeur potentiel de Netanyahu au sein du Likoud, Yossi Cohen s’est éloigné de l’actuel Premier ministre, notamment en raison de désaccords sur la réforme judiciaire et sur la gestion du dossier des otages. Ces différends n’ont fait que s’accentuer depuis le 7 octobre, date après laquelle Cohen a brièvement participé aux négociations indirectes avec le Qatar, tout en multipliant les entretiens médiatiques et les rencontres avec les familles d’otages.

En juillet 2024, Cohen avait repoussé toute entrée en politique, estimant qu’un scrutin n’était pas imminent. Mais à mesure que l’éventualité d’un retour aux urnes se précise, le nom de cet ancien maître espion refait surface. Certaines sources révèent qu'il serait sérieusement en train d’examiner l’idée de créer un nouveau parti centriste à tendance sécuritaire, susceptible de combler un vide entre une droite incapable d’initier le changement et une opposition incarnée par Lapid, Gantz ou Golan, en quête de renouveau mais rejetée par une large frange de l’électorat de droite.

« Après la guerre, un changement majeur s’imposera, certains responsables ont déjà reconnu leur échec. D’autres devront partir. Des élections sont inévitables. » a-t-il déclaré récemment.

Figure emblématique de l’espionnage israélien, Cohen s’est fait connaître pour l’opération spectaculaire du Mossad ayant permis de ramener les archives nucléaires iraniennes en 2018, pour des sabotages ciblés contre les installations nucléaires en 2020-2021, et pour son rôle diplomatique discret mais décisif dans les Accords d’Abraham. À rebours de la culture du secret traditionnellement chère au Mossad, Cohen a choisi avec Netanyahu de médiatiser certaines de ces opérations, estimant que leur exposition servait les intérêts stratégiques d’Israël.

Né à Jérusalem en 1961 dans une famille à l’héritage rabbinique affirmé, Yossi Cohen a servi dans les parachutistes avant d’entrer au Mossad en 1982. Il y a gravi tous les échelons, dirigeant plusieurs missions en Europe, avant de devenir chef adjoint, puis conseiller à la sécurité nationale auprès de Netanyahou en 2013. Trois ans plus tard, ce dernier le nommait à la tête du Mossad. Premier directeur de l’agence issu du milieu religieux, Cohen se définit aujourd’hui comme un juif traditionaliste. Dandy assumé, surnommé « le mannequin » pour son élégance, il est également connu pour son hygiène de vie stricte et ses entraînements quotidiens.

Après avoir quitté le Mossad, il a été nommé à la tête des opérations israéliennes du fonds d’investissement SoftBank, proche des milieux économiques saoudiens, tout en présidant l’association des amis de l’organisation des veuves et orphelins de Tsahal.. À mesure que l’horizon politique s’éclaircit, Cohen pourrait bien faire son entrée sur le devant du podium, cette fois par les urnes.