Un an et sept mois après l’assassinat de son fils Dor Reider à Be’eri lors des attaques du 7 octobre, Dorit Reider, infirmière au kibboutz Saad, a fait don de l’un de ses reins.
La greffe a été réalisée dimanche à l’hôpital Beilinson, au bénéfice d’un homme de 63 ans. « J’ai toujours voulu faire ce don, c’était en moi depuis longtemps, j’attendais simplement le bon moment », confie-t-elle.
Pour Dorit, ce geste de générosité s’inscrit dans un processus de guérison personnel : « Juste après le premier anniversaire de la mort de Dor, j’ai ressenti un besoin impérieux de redonner la vie. Le monde autour de moi semblait si sombre, et je devais accomplir quelque chose de lumineux », a-t-elle expliqué lors d’un entretien accordé à Ynet et Yediot Aharonot.
Son fils Dor, le deuxième de ses quatre enfants, s’était installé à Be’eri deux mois avant le 7 octobre, après son service militaire. Il y travaillait auprès d’un enfant en situation de handicap dans le cadre du système éducatif informel du kibboutz. Il s’était profondément attaché à ce lieu, y avait trouvé l’amour auprès de Tekhelet Fishbein – sa compagne – et tous deux ont tragiquement été assassinés dans leur appartement ce samedi noir.
Dorit Reider est infirmière au kibboutz Saad depuis 26 ans. Son mari, Tzvika, est quant à lui volontaire au sein du Magen David Adom (le service d’urgence israélien). Le matin du 7 octobre, tous deux se trouvaient à leur domicile lorsque l’attaque meurtrière a débuté. « Tzvika est sorti avec l’ambulance dès 7 heures. Une heure plus tard, des blessés du festival Nova ont été acheminés jusqu’au kibboutz, et nous avons commencé à leur prodiguer des soins », se remémore Dorit. « Tandis que nous étions en train de sauver des vies, on arrachait celle de notre fils ailleurs. Tzvika et moi étions plongés dans l’action, nous n’avions pas encore compris ce qui se passait à Be’eri. »
Pendant ces heures terribles, le couple ignorait le sort de leur fils Dor. « Nous étions absorbés par ce que nous faisions, nous ne réalisions pas vraiment ce qui se passait là-bas. Le matin, il n’a pas pris contact avec nous. Avec le recul, nous pensons qu’il voulait nous épargner l’inquiétude. Il a parlé à des amis, à qui il a confié qu’il y avait des terroristes dans le kibboutz et des échanges de tirs », raconte Dorit.
Ce n’est qu’à 10 heures que Dor a brièvement rassuré ses parents en affirmant que tout allait bien. Mais une heure plus tard, lors d’un échange sur le groupe WhatsApp familial, leur plus jeune fils, Alon, lui rapporte qu’on parle de terroristes à Be’eri. Dor commence alors à décrire la situation : des tirs autour de lui, des coups de feu contre la porte de son appartement. C’est à cet instant que la famille comprend qu’il est en danger immédiat.
Vers 11h30, ils lui parlent une dernière fois. Une demi-heure plus tard, son jeune frère Ron tente de le rappeler, inquiet de ne plus recevoir de réponses. À sa grande horreur, ce n’est pas Dor qui décroche, mais l’un des terroristes, relate Dorit avec émotion.
Neuf jours d’angoisse insoutenable s’écoulent avant que la famille n’apprenne la nouvelle tragique : Dor a été assassiné.
« Nous ne réalisons toujours pas pleinement ce qui s’est passé », confie Dorit. « C’est un deuil impossible à intégrer, d’autant plus avec la guerre et les otages. Nous n’avons pas encore trouvé de paix pour assimiler tout cela. Mais malgré tout, nous continuons de vivre, de nous relever, d’apporter du bien autour de nous. »