Une plainte collective a été déposée ce jour contre la compagnie aérienne israélienne El Al, accusée d’avoir profité de sa position monopolistique pour augmenter de manière abusive les prix des billets durant la guerre. Selon les plaignants, cette politique aurait causé un préjudice de plusieurs centaines de millions de dollars au public, tandis que la compagnie aurait enregistré un bénéfice net de 554 millions de dollars – 558 millions d’euros- un taux de rentabilité multiplié par 15.

La plainte, déposée auprès du tribunal de district central de Lod, affirme qu’El Al est devenue, dès le déclenchement de la guerre le 7 octobre 2023, un monopole de fait sur la plupart des liaisons aériennes qu’elle dessert. La compagnie aurait alors abusé de cette position dominante pour pratiquer des prix excessifs, de façon jugée illégale, immorale et injustifiée.

“Un monopole tombé du ciel”

« Le statut monopolistique d’El Al lui est tombé dessus comme la manne céleste – il n’est pas le fruit de ses efforts, ni d’un avantage concurrentiel, ni d’une stratégie innovante ou d’investissements en recherche et développement », précise la requête. « El Al a hérité de ce monopole par hasard, à la suite d’une tragédie nationale sans précédent, qu’elle a exploitée pour engranger des profits colossaux aux dépens de ses clients. »

La plainte, appuyée par une expertise économique, évalue les dommages subis par le public à environ 600 millions de dollars à la fin du premier trimestre 2024 – un chiffre en constante augmentation. En 2024, El Al a enregistré un bénéfice net exceptionnel de 554 millions de dollars -515 millions d’euros- qui atteint même 771 millions de dollars hors primes exceptionnelles et ajustements comptables fiscaux, soit 717 millions d’euros. À titre de comparaison, son bénéfice en 2023 s’élevait à seulement 113 millions de dollars. « Ce résultat dépasse la totalité des bénéfices cumulés de la compagnie sur les quinze années précédant la guerre », peut-on lire dans le texte.

Les données présentées révèlent qu’au cours des six trimestres ayant suivi le début de la guerre, les prix des vols ont grimpé de plusieurs dizaines de pourcents alors que les dépenses d’El Al ont, elles, diminué. Résultat : sa marge bénéficiaire par kilomètre-passager a été multipliée par 15. Même après déduction d’une prime exceptionnelle de 103 millions de dollars versée aux salariés, la marge bénéficiaire atteint 35 %.

Des dirigeants largement récompensés

Cette envolée des bénéfices a fait bondir la valeur boursière d’El Al. Sa directrice générale, Dina Ben Tal Ganancia, a perçu une rémunération de 6,5 millions de shekels en 2024 -1,6 million d’euros- une hausse de 10,2 % par rapport à l’année précédente. Les cinq dirigeants suivants ont vu leur rémunération grimper de 24,2 %. Les salariés ont, quant à eux, reçu une prime exceptionnelle de 103 millions de dollars. De son côté, le principal actionnaire de la compagnie, l’homme d’affaires américain Kenny Rosenberg, a vu la valeur de ses parts passer de 0,9 milliard de shekels avant la guerre à environ 3,4 milliards de shekels en juin 2025 – un bond de près de 800 %.

Les avocats demandent au tribunal d’ordonner à El Al d’indemniser le public pour les dommages causés, soulignant que « ce dédommagement est juste, nécessaire et essentiel afin de dissuader toute future exploitation abusive d’une position de monopole en période de guerre, de crise ou de détresse nationale. »