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Des États arabes, en première ligne , appellent à la désescalade

Pris entre deux feux, les États arabes pressent Donald Trump de désamorcer la guerre Israël-Iran

4 minutes
18 juin 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Des États arabes, en première ligne , appellent à la désescalade
Sans crédit

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Alors que le conflit entre Israël et l’Iran menace de s’étendre, plusieurs États arabes, en première ligne géographique et stratégique, appellent à la désescalade. Menés par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie, Oman et le Qatar, ces pays redoublent d’efforts diplomatiques pour éviter une guerre régionale à grande échelle.

Oman et le Qatar doivent accueillir cette semaine des pourparlers de la dernière chance entre l’émissaire américain Steve Witkoff et le ministre iranien des Affaires étrangères. L’objectif : obtenir un cessez-le-feu et relancer des négociations sur le nucléaire.

Les pays du Golfe, qui hébergent de nombreuses bases militaires américaines, craignent d’être pris pour cibles si les États-Unis s’engagent davantage dans le conflit.

Malgré leurs rivalités historiques avec Téhéran, les États arabes ne se réjouissent pas de l’affaiblissement de l’Iran. Leur priorité reste la stabilité. Une coalition de facto, emmenée par Riyad et Abou Dhabi, plaide activement auprès de l’administration Trump pour éviter une escalade et préserver les fragiles acquis en matière de coopération économique et de modération régionale.

« Le message des États arabes à Washington est clair : nous voulons un Moyen-Orient paisible, stable et tourné vers les affaires », confie un diplomate du Golfe. « Ce conflit risque d’anéantir tout le chemin parcouru vers la paix et la prospérité. »

Samedi, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a dénoncé auprès du président iranien Masoud Pezeshkian les frappes israéliennes « qui portent atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la République islamique » et « sapent les efforts de dialogue ». L’Arabie saoudite, le Qatar et Oman servent aujourd’hui d’intermédiaires pour faire circuler des messages entre Washington et Téhéran, plaidant pour un cessez-le-feu.

Donald Trump, de son côté, envisagerait d’envoyer son émissaire Witkoff et même son vice-président JD Vance à ces discussions. Riyad miserait sur sa proximité personnelle avec l’ancien président américain et sur leur vision économique commune pour le convaincre d’éviter un engagement militaire. Il va de ssoi que a guerre freinerait les investissements cruciaux pour l’économie américaine..

Pour l’instant, la diplomatie arabe a obtenu la promesse des États-Unis et d’Israël de ne pas impliquer directement les pays arabes dans les combats. Tsahal évite de survoler l’espace aérien jordanien et du Golfe, et un « accord tacite » prévoit que les bases américaines dans la région ne soient pas utilisées pour appuyer les frappes israéliennes. Selon Axios, la Maison Blanche a assuré aux États arabes qu’elle ne s’engagerait militairement que si des citoyens américains étaient visés.

Les bases militaires américaines situées au Bahreïn, au Koweït, au Qatar et en Jordanie restent toutefois des cibles potentielles en cas d’escalade. Téhéran a averti : si les États-Unis s’impliquent, leurs bases dans la région seront visées.

Deux jours avant l’éclatement du conflit, le ministre iranien de la Défense, Aziz Nasirzadeh, avait déjà lancé une menace explicite : « Toutes les bases américaines sont à notre portée et seront visées si le conflit nous est imposé. »

Une attaque directe contre les infrastructures pétrolières du Golfe n’est pas exclue. Dans tous les esprits, l’attaque de 2019 contre Abqaiq-Khurais, menée par les Houthis et qui avait paralysé 50 % de la production saoudienne, reste un précédent marquant.

Le conflit met aussi en lumière la position géographique vulnérable de plusieurs États arabes du Levant, situés sur la trajectoire des missiles iraniens tirés vers Israël. En Jordanie, où des salves traversent le ciel toutes les quelques heures, l’armée abat quotidiennement des missiles et drones pour défendre sa souveraineté.

« La Jordanie ne tolérera aucune violation de son espace aérien », a martelé le porte-parole du gouvernement, Mohammed al-Momani. Le royaume est en état d’urgence, mais ses efforts diplomatiques avec Téhéran et Jérusalem n’ont jusqu’à présent donné aucun résultat.

Même si les États arabes échappaient aux frappes directes, leurs économies n’en sortiraient pas indemnes. Dix compagnies aériennes étrangères ont déjà suspendu leurs vols à destination de la Jordanie, menaçant son industrie touristique.

Et si l’Iran venait à fermer le détroit d’Ormuz, par où transite 20 % du pétrole mondial, les conséquences seraient planétaires. Malgré la hausse des prix du brut, les États du Golfe redoutent une fuite des investisseurs étrangers et un frein brutal à leur transition vers des économies post-pétrolières.

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