Strasbourg a adopté lundi en conseil municipal son jumelage avec le camp de réfugiés palestinien d'Aïda, en Judée-Samarie, tout en suspendant dans le même temps son partenariat avec la ville israélienne de Ramat Gan. La décision a suscité une levée de boucliers dans l'opposition locale et provoqué la colère des organisations juives.
Au terme d'un débat particulièrement tendu, les élus strasbourgeois ont approuvé le principe du jumelage avec le camp proche de Bethléem par 49 voix contre 10 et 5 abstentions. Le vote comprenait également un partenariat avec la ville de Bethléem, sous l'égide du ministère des Affaires étrangères français, ainsi que le déblocage d'une aide humanitaire d'urgence à Gaza. Ces deux dernières propositions ont été adoptées à l'unanimité.
"La concrétisation d'un jumelage avec le camp d'Aïda, c'est un geste symbolique qui permet de construire des ponts avec le peuple palestinien dans la perspective de la création d'un État de Palestine aux côtés d'Israël", a justifié la maire écologiste Jeanne Barseghian.
Parallèlement, la municipalité alsacienne a suspendu son jumelage avec Ramat Gan, ville de banlieue de Tel-Aviv. Ce partenariat, vieux de plus de trente ans, est désormais "gelé" car les "conditions ne sont pas réunies", selon Jeanne Barseghian.
Cette décision a provoqué l'ire de l'opposition. "Alors qu'un jumelage est basé sur la réciprocité des engagements, vous vous êtes détournée de l'une des parties", a reproché l'ancienne maire socialiste Catherine Trautmann.
Face aux critiques, Jeanne Barseghian a tenté de justifier sa position. "En aucun cas je ne souhaite rompre ces liens forts avec Ramat Gan ni ce jumelage. Le but, c'est que cette porte puisse se rouvrir quand les conditions seront réunies et quand les armes se tairont", a-t-elle déclaré.
Avant le conseil municipal, une cinquantaine de membres de la communauté juive strasbourgeoise s'étaient rassemblés à l'appel du CRIF Alsace, du consistoire israélite du Bas-Rhin et du Fonds social juif unifié pour exprimer leur opposition à cette décision.
Rappelons que la décision du jumelage annoncée fin mai par Strasbourg avait suscité un double tollé, après que la maire a reçu d'une délégation du camp d'Aïda une carte du Proche-Orient barrée de plusieurs drapeaux Palestinien, où l’Etat d’Israël n’existait tout simplement plus.