France

À Paris, la “coexistence” israélo-palestinienne par la cuisine face à la flambée antisémite

À Paris, un restaurant israélo-palestinien prône le dialogue par l’assiette, au moment même où l’antisémitisme connaît une recrudescence sans précédent.

2 minutes
16 décembre 2025

ParDelphine Miller

À Paris, la “coexistence” israélo-palestinienne par la cuisine face à la flambée antisémite
restaurant Sababa (Instagram)

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Un restaurant éphémère baptisé Sababa, le goût de la paix a récemment ouvert dans le 11ᵉ arrondissement, à l’initiative d’un Franco-Palestinien originaire de Gaza et d’un Franco-Israélien. Présenté comme un espace de rencontre par la cuisine, le projet s’inscrit dans une tendance européenne qui privilégie des initiatives culturelles ou sociétales pour aborder le conflit israélo-palestinien, en marge des cadres strictement politiques.

Installé au Consulat Voltaire, lieu culturel engagé, le restaurant propose des plats présentés comme communs aux traditions culinaires israélienne et palestinienne. Les fondateurs expliquent vouloir mettre en avant des héritages partagés et encourager le dialogue à travers une expérience conviviale. Le projet est soutenu par l’association We Reconcile, qui développe des actions de rapprochement entre communautés.

La portée réelle de ce type d’initiative suscite néanmoins des interrogations. Plusieurs observateurs relèvent que ces projets touchent principalement un public déjà sensibilisé aux démarches de coexistence, sans nécessairement atteindre des audiences plus larges ou plus polarisées. Dans un contexte européen marqué par des débats intenses autour d’Israël et du conflit au Moyen-Orient, certains analystes soulignent les limites d’approches fondées avant tout sur des symboles culturels, qui peuvent difficilement rendre compte de la complexité politique et sécuritaire de la situation.

L’affichage conjoint de symboles, comme les drapeaux français, israélien et palestinien, est ainsi interprété de manière contrastée. Pour certains, il s’agit d’un message d’apaisement et de dialogue ; pour d’autres, d’une représentation simplifiée d’un conflit aux dimensions historiques, idéologiques et géopolitiques profondes. Ces lectures divergentes reflètent les fractures persistantes du débat européen sur le sujet.

Ouvert jusqu’à juin 2026, Sababa illustre à la fois l’attrait et les limites des initiatives culturelles comme vecteur de dialogue. Si elles peuvent favoriser des échanges individuels et symboliques, leur impact sur le débat public, les perceptions médiatiques ou les positions politiques européennes reste, à ce stade, difficile à mesurer.