Sécurité

Opération Eveil du Lion: le bilan d'un affrontement inédit

Au lendemain de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et l'Iran, quel bilan peut-on dresser de l'opération Eveil du Lion?

5 minutes
25 juin 2025

ParGuitel Benishay

Opération Eveil du Lion: le bilan d'un affrontement inédit

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Douze jours après le déclenchement de la confrontation directe entre Israël et l’Iran, un cessez-le-feu est entré en vigueur signant la conclusion d'un conflit inédit au Moyen-Orient. La campagne, sans précédent dans sa portée régionale et technologique, a bouleversé les équilibres militaires et diplomatiques dans la région.

Acquis israéliens sur le plan diplomatique et stratégique

Sur le plan diplomatique et stratégique, Israël a réussi à entraîner les États-Unis dans l’offensive, non seulement en défense mais également dans les frappes menées contre les installations nucléaires iraniennes, notamment le site fortifié de Fordo.

Fait notable : les proxys de l’Iran, dont le Hezbollah, les milices chiites d’Irak et les rebelles houthis du Yémen, sont restés quasiment inactifs. Le Hezbollah n’a tiré aucun missile, les milices irakiennes n'ont pas bougé, et les Houthis, qui bombardaient régulièrement Israël, n’ont lancé que deux missiles balistiques durant l’ensemble de la campagne.

Acquis israélien sur le plan militaire et résultats des attaques sur les installations nucléaires iraniennes

Sur le plan militaire, Israël a ciblé les trois principales installations nucléaires du pays : Natanz, Fordo et Ispahan. Bien que l’ampleur exacte des dommages reste à confirmer, les premières analyses font état de dégâts significatifs sur chaque site. Il n’est toutefois pas encore établi si les stocks d’uranium enrichi ont été atteints.

Des dizaines d'autres infrastructures liées au programme nucléaire ont été attaquées, notamment le siège central du programme nucléaire à Téhéran et des sites de production de centrifugeuses.

Par ailleurs, 15 scientifiques nucléaires de haut rang auraient été éliminés, parmi lesquels des figures de proue du groupe désigné par les renseignements israéliens comme la « cellule de l’arme ».

Outre la menace nucléaire, l'autre objectif de la guerre était de détruire les capacités balistiques de l'Iran. Là aussi, Israël peut revendiquer un succès certain. En effet, l’armée de l’air israélienne a détruit environ 65 % des sites de lancement de missiles balistiques sur le territoire iranien, ainsi que 800 à 1000 missiles avant leur lancement. Il resterait à l’Iran un stock de 1000 à 1500 missiles, soit moins de la moitié de son arsenal initial.

Les capacités de tir iraniennes ont été réduites de manière drastique : les unités de missiles à l’ouest du pays sont hors d’usage, contraignant l’armée iranienne à déplacer ses capacités vers le centre et l’est du pays et donc à rallonger la distance de tir pour atteindre le territoire israélien.

Par ailleurs, l'aviation israélienne a réussi à créer les conditions d'une maitrise totale du ciel iranien. Plus de 80 % des capacités de défense aérienne iranienne ont été neutralisées. Aucun avion israélien n’a été abattu, et aucun pilote n’a eu besoin d’être évacué depuis le territoire iranien. Plus de 80 batteries de missiles sol-air iraniennes ont été détruites.

Elimination des responsables militaires iraniens de haut rang

Israël a mené une série d’éliminations ciblées contre des responsables militaires iraniens de haut rang, dont :

  • Le commandant en chef des Gardiens de la Révolution

  • Le chef des forces armées

  • Le commandant de l’état-major d’urgence, ainsi que son successeur

  • Le chef de l’armée de l’air des Gardiens de la Révolution et plusieurs de ses adjoints

  • Deux hauts dirigeants de la Force Al-Qods : Izadi et Shahriari

  • Des centaines de membres du Basij et des Gardiens de la Révolution dans des frappes ciblées à Téhéran

  • Des dirigeants des services de renseignements

De très bons résultats sur le plan défensif

Sur le plan défensif, les systèmes antimissiles israéliens ont atteint des taux d’interception de 80 à 90 %. Sur les centaines de missiles lancés, seuls 50 à 60 ont atteint le territoire israélien, causant des pertes humaines dans 8 cas.

En ce qui concerne les drones, 99,99 % ont été interceptés avec succès ; un seul appareil a atteint Beit Shean sans faire de victime.

Malgré l’ampleur des attaques, les infrastructures vitales israéliennes — électricité, eau, énergie — sont restées fonctionnelles : aucun scénario de black-out ne s’est matérialisé.

L'impact des attaques iraniennes sur le territoire israélien

L’Iran a attaqué massivement le front intérieur israélien en tirant environ 500 à 550 missiles balistiques oen direction d’Israël, accompagnés de plus de 1 000 drones kamikazes. Ces attaques ont causé la mort de 28 personnes — 27 civils et un soldat israélien, et ont fait des centaines de blessés.

Les frappes ont provoqué d’importants dégâts : des dizaines de sites civils et infrastructures ont été touchés, causant la destruction partielle ou totale de centaines de maisons, laissant de nombreux Israéliens sans abri. Parmi les cibles atteintes figurent notamment les installations de la raffinerie Bazan à Haïfa et le prestigieux Institut Weizmann à Rehovot ou encore l'hôpital Soroka à Beer Sheva.

L’armée iranienne a également abattu de deux drones israéliens.

Pour le journaliste, spécialiste du monde arabe, Tsvi Yehezkeli, les résultats obtenus lors de l’opération Eveil du Lion sont « extraordinaires et sans précédent ».

« C’est un succès d’une ampleur historique, comme on n’en a pas vu dans un siècle d’opérations militaires. Israël a réalisé l’impensable », a-t-il affirmé dans une interview accordée à i24NEWS en hébreu.

Il tempère cependant: « Mais nous avons aussi nourri des espoirs — nous souhaitions la chute du régime, et nous n’avons pas porté de coup suffisamment fort aux symboles du pouvoir. »

Yehezkeli souligne qu’il aurait été préférable qu’Israël pousse plus loin son avantage : « Il aurait peut-être été possible d’éroder la légitimité du régime aux yeux des manifestants iraniens, voire de provoquer sa chute. »

Enfin, il met en garde: « L’Iran est aujourd’hui une bête blessée, vaincue, qui fera tout pour se réarmer, revenir sur la scène régionale et relancer son programme nucléaire. Certes, ils ont été ramenés des années en arrière, mais ils sont désormais animés par l’esprit de revanche. Khamenei est toujours en vie, et le régime est en train de se reconstruire. C’est regrettable », a-t-il conclu. « Nous aurions voulu obtenir davantage— mais il faut garder à l’esprit que l’histoire n’est pas terminée. »

Doc et Moi
Ministère de l'Alya et de l'intégration
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