Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et l'Iran il y a deux jours, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, ne s’est toujours pas manifesté publiquement. Il reste officiellement retranché dans un bunker, coupé du monde extérieur, par crainte d’être éliminé.
En tant que Guide suprême, Khamenei détient la décision finale sur toutes les grandes orientations politiques et stratégiques du pays. Il est également commandant en chef des forces armées, et devait, en principe, valider toute décision militaire majeure, comme l’attaque des bases américaines au Qatar ou l’accord de cessez-le-feu avec Israël.
Toutefois, on ne sait pas dans quelle mesure Khamenei a pu approuver de telles décisions, étant donné que tout contact avec lui a été perdu. Hamzeh Safavi, le fils d’un commandant des Gardiens de la Révolution et conseiller principal du Guide, a affirmé que les autorités iraniennes estiment toujours qu’Israël pourrait tenter de l’éliminer, même durant le cessez-le-feu. C’est pourquoi des protocoles de sécurité extrêmement stricts sont appliqués, incluant des restrictions drastiques sur ses communications.
Un informateur cité lundi par le site IranWire a révélé que le Guide suprême est « injoignable », et que plusieurs hauts responsables iraniens ont tenté en vain d’entrer en contact avec lui afin d’obtenir son aval pour entamer des négociations avec les États-Unis.
Parmi ces responsables figurent l’ancien président Hassan Rohani, l’ancien ministre de la Justice Sadegh Larijani, ainsi qu’Ali Larijani, ancien président du Parlement et membre d’une illustre famille de religieux chiites. Ali Larijani est déterminé à succéder à Khamenei, mais sa légitimité reste incertaine, Khamenei l’ayant déjà disqualifié à deux reprises lors de précédentes élections présidentielles.
Selon un article du New York Times publié ce jeudi matin, cette absence prolongée suscite des questionnements à travers le pays, allant de la population jusqu’aux plus hauts échelons du pouvoir. Des luttes d’influence ont d’ores et déjà commencé pour combler ce vide.
« Une approche pragmatique émerge pour gérer la sortie de crise », a déclaré Hamzeh Safavi, « en renforçant d’autres figures de leadership, telles que le président Pezeshkian. »
Le président iranien Massoud Pezeshkian et le courant modéré qu’il dirige seraient actuellement en position de force dans cette bataille pour le pouvoir, selon quatre hauts responsables iraniens cités dans le reportage. En l’absence de Khamenei, plusieurs figures politiques et militaires ont noué des alliances stratégiques dans l’objectif de prendre les rênes du pays après le départ du Guide.
Ces derniers jours, Pezeshkian a publiquement exprimé sa volonté de reprendre les négociations avec les États-Unis, y compris après les frappes de Donald Trump contre les installations nucléaires iraniennes. Parmi ses alliés figurent Gholamhossein Mohseni-Eje’i, président de l’Autorité judiciaire iranienne et proche de Khamenei, ainsi qu’Abdolrahim Moussavi, nouveau commandant des forces armées.
Lors du conseil des ministres tenu hier, le président Pezeshkian a déclaré : « Il est temps de modifier notre mode de gouvernance. » Il a ajouté : « La guerre et l’unité de notre peuple ont créé une opportunité de revoir notre vision de l’administration. C’est une occasion en or pour un changement. » Élu l’an dernier, Pezeshkian est considéré comme une figure modérée au sein du régime des mollahs. Il s’est engagé à ouvrir davantage l’Iran vers l’Occident et à favoriser sa prospérité économique.