Ce jeudi 26 juin, le shekel israélien s’échange à 3,39 pour un dollar, son niveau le plus élevé depuis janvier 2023. Il s’est apprécié de 0,5 % sur fond de faiblesse du billet vert. Mais ce qui surprend les analystes, c’est la capacité du shekel à se renforcer après une guerre de douze jours qui a entraîné une quasi-paralysie de l’économie israélienne.
Pourquoi le shekel ne s’est pas effondré
Historiquement, les conflits militaires ont souvent provoqué une fuite des capitaux et une dépréciation des monnaies locales. Mais dans le cas israélien, plusieurs facteurs ont joué en faveur de la stabilité du shekel :
Une banque centrale crédible et réactive : La Banque d’Israël a accumulé des réserves de change importantes (plus de 200 milliards de dollars), lui donnant une marge de manœuvre pour intervenir si nécessaire. Elle a aussi maintenu un signal de stabilité malgré le conflit, ce qui a rassuré les marchés.
Un endettement public contenu : Contrairement à d'autres pays, Israël affiche une dette publique modérée par rapport à son PIB, ce qui limite les risques de crise budgétaire.
Un secteur technologique moteur : Même en temps de crise, les exportations high-tech israéliennes continuent d’attirer les devises étrangères. De nombreux contrats sont signés en dollars, assurant une rentrée régulière de devises.
Une économie fortement dollarisée : Les transactions en devises, notamment dans les secteurs de la tech, du capital-risque et de l'immobilier, permettent une certaine résilience face aux chocs monétaires locaux.
Qui sont les investisseurs qui soutiennent le shekel ?
Parmi les acteurs qui ont maintenu voire augmenté leurs engagements en shekels ces dernières semaines :
Des fonds de pension nord-américains, tels que CalPERS ou Teacher Retirement System of Texas, qui ont des expositions indirectes via les marchés obligataires israéliens.
Des fonds souverains asiatiques, comme ceux de Singapour (GIC) et de Corée du Sud, qui considèrent Israël comme un marché stratégique en raison de son leadership en cybersécurité et en innovation.
Des gestionnaires d’actifs européens, tels que Amundi, Allianz Global Investors ou Pictet, qui détiennent des portefeuilles diversifiés intégrant des obligations israéliennes ou des ETF régionaux libellés en shekels.
Des grandes banques d’investissement (Goldman Sachs, JPMorgan, HSBC) qui recommandent régulièrement à leurs clients institutionnels des expositions à la dette souveraine israélienne, jugée sûre et bien notée.
La résilience, un message fort pour les marchés
Le maintien du shekel à un niveau élevé, malgré une guerre et un ralentissement brutal de l’économie, envoie un signal de résilience exceptionnel aux marchés internationaux. Cela montre que les institutions israéliennes — monétaires, budgétaires et économiques — inspirent confiance, même en période de choc.
Si la Fed abaisse ses taux d'ici la fin de l’année, comme beaucoup l’anticipent, le différentiel avec les taux israéliens pourrait encore renforcer cette dynamique. Pour les investisseurs, le message est clair : dans un monde incertain, le shekel reste une ancre de stabilité régionale.