Ce jeudi soir, la manifestation hebdomadaire place Rabin à Tel Aviv a pu se tenir pour la première fois depuis plusieurs semaines. Les précédents rassemblements avaient été annulés face à la menace de missiles iraniens sur le centre du pays. Mais dès la levée des restrictions par le commandement du front intérieur, les familles d’otages sont revenues sur le devant de la scène – déterminées à faire entendre leur voix.
Des milliers de manifestants se sont réunis pour soutenir leur appel : un accord global, sans compromis, pour ramener tous les otages. Les discours ont été forts, les larmes visibles, la colère palpable. “Les victoires militaires sont indiscutables, mais sur le plan politique, c’est un échec total”, a lancé Udi Goren, cousin du soldat captif Tal Haimi. “On a mis à genoux une puissance quasi-nucléaire en deux semaines, mais on n’arrive pas à libérer des civils et des soldats retenus par une milice en sandales ?”
La soirée, qui a commencé dans le calme, s’est terminée dans la tension. Une partie des manifestants a quitté la place pour bloquer une grande artère du centre-ville. Sept personnes ont été arrêtées. La police a qualifié la marche de “manifestation illégale”, évoquant des perturbations de l’ordre public et des affrontements avec les forces de l’ordre.
Au cœur du rassemblement, les témoignages des familles ont résonné. Vicky Cohen, mère du soldat Nimrod enlevé le 7 octobre, a lu une lettre fictive de son fils : “Maman, il fait noir ici. Je donnerais tout pour un câlin.” Des mots simples, mais insupportables à entendre semaine après semaine sans réponse.
Einav Zangauker, dont le fils Matan est également prisonnier à Gaza, a directement interpellé Donald Trump : “Vous avez mis fin à la guerre avec l’Iran. Faites pareil à Gaza. Ramenez mon fils.”
Si, pour une partie de la population, la vie semble reprendre son cours – retour au travail, ouverture des écoles, cafés à nouveau pleins – pour les familles d’otages, le temps est figé. Les manifestations du jeudi soir sont devenues leur routine. Une routine de douleur, de colère, et de désespoir.
“On ne peut pas continuer comme ça,” a soufflé une manifestante. “Ces jeudis doivent s’arrêter. Mais pas parce qu’on se fatigue. Parce qu’ils sont enfin revenus.”