Selon l’évaluation sécuritaire présentée, il n’existe plus de menace immédiate qui justifierait le maintien des résidents des 12 localités de la région dite de l’« Otef Aza », dans les centres d’accueil temporaires. Par conséquent, le financement public destiné à leur hébergement alternatif va être interrompu.
« D’un point de vue sécuritaire, il n’y a plus d’obstacle au retour, y compris dans les localités les plus proches de la barrière frontalière », ont affirmé ces derniers jours plusieurs hauts gradés de Tsahal, notamment le commandant du Commandement Sud et celui de la division de Gaza.

Un bulldozer détruit une maison endommagée lors du massacre du 7 octobre à Kibbutz Be’eri, près de la frontière avec la bande de Gaza, dans le cadre d’un projet de reconstruction des habitations et infrastructures du kibboutz, crédit : Oren Cohen / Flash90.
Sur le terrain pourtant, la réalité est plus complexes et les réactions loin d’être unanimes. Si certaines localités sont effectivement en état de réintégrer leurs habitants, dans d’autres, les travaux de réhabilitation ne sont toujours pas achevés. La décision suscite donc des remous parmi les habitants concernés dont la grande majorité aspirent à rentrer chez eux mais dans des conditions acceptables.
Six localités, parmi les plus durement touchées lors de l’offensive du 7 octobre, ne sont pas prêtes à accueillir de nouveau leurs résidents : Be’eri, Nahal Oz, Kfar Aza, Kissufim et Holit. Les dégâts matériels y sont tels que le retour y est pour l’instant impossible.
Et même dans les localités où le feu vert a été donné, les habitants ne sont pas tous convaincus. À Netiv HaAsara, village littéralement accolé à la barrière de sécurité, les explosions en provenance de Gaza sont encore clairement audibles, une situation intenable pour les familles et plusieurs maires ont exprimé leur colère face à une décision prise sans réelle concertation.
Autre élément troublant : si l’on affirme qu’il n’y a plus de menace sécuritaire, certaines zones restent malgré tout interdites d’accès. La plage de Zikim, par exemple, demeure fermée et déclarée « zone militaire ». « Comment peut-on affirmer que la situation est sûre pour les habitants de Netiv HaAsara, alors qu’à quelques kilomètres de là, personne n’ose ouvrir une plage ? », s’interroge un résident.
L’impression générale est celle d’un retour organisé à marche forcée, qui, faute d’avoir été préparé dans la transparence et en coordination avec les élus locaux, suscite plus d’inquiétudes que de soulagement.