Présentée par le député Moshe Passal, la proposition prévoit d’organiser l’ensemble du secteur : culture, production, contrôle qualité, réduction des prix, et ouverture à l’export. L’objectif affiché est clair : soulager les malades sur fond d’explosion du nombre de cas de stress post-traumatique depuis le 7 octobre. « Nous voulons proposer un cadre équilibré et apporter un allègement à ceux qui en ont besoin, surtout après la guerre », a déclaré le président de la commission, le député Ariel Kallner. « Même s’il y a des divergences d’opinion, nous sommes tous mobilisés. »
La députée et vice-ministre des Affaires étrangères, Sharren Haskel, qui milite depuis dix ans pour cette réforme, a appelé à son adoption rapide, même imparfaite : « Nous avons passé des centaines d’heures sur ce texte. Il est temps de faire justice aux patients qui ont besoin de ce traitement. » Elle a demandé que davantage de médecins soient autorisés à prescrire du cannabis médical, et que la molécule de CBD soit retirée de la liste des substances interdites afin de faciliter son importation et de baisser les prix, notamment pour les enfants épileptiques dont les traitements peuvent coûter des milliers de shekels par mois. Elle a également plaidé pour inclure les personnes souffrant de stress post-traumatique et les patients atteints de douleurs chroniques dans la liste des bénéficiaires.
Mais les avis sont partagés. Le Dr Ilia Reznik, du centre israélien des addictions, estime qu’il est temps de retirer le cannabis de la liste des drogues dangereuses. À l’inverse, le Dr David Dvir, représentant de l’association des médecins de famille, s’inquiète : « Nous ne sommes pas formés pour suivre des patients sous cannabis. Chez certains, cela fonctionne très bien, mais chez d’autres, l’état empire. Ce traitement exige un suivi rigoureux, et cela empiète sur notre capacité à nous occuper de patients souffrant de pathologies graves comme les maladies cardiaques, le diabète ou l’hypertension. Il faut des spécialistes. »
Sur le terrain, les critiques fusent également. Shlomi Sandak, militant historique du cannabis médical, déplore que malgré l’augmentation drastique des cas de stress post-traumatique depuis octobre, « les critères d’éligibilité sont tellement stricts que pratiquement personne ne peut en bénéficier. Il faut un changement profond. »
Du côté de l’industrie, l’inquiétude monte aussi. Me Moria Kalfa Horowitz, présidente de l’Union du cannabis à la Chambre de commerce, met en garde contre une régulation excessive : « La consommation baisse, le nombre de patients aussi, les banques retirent leurs investissements. Le secteur risque de s’effondrer sous le poids de la réglementation. »
Entre impératif médical, tension sociale et urgence économique, le débat reste ouvert — mais un assouplissement semble désormais en bonne voie.