Le 13 juin au matin, Israël lançait une opération militaire d’envergure contre plusieurs cibles stratégiques en Iran. Tandis que le monde découvrait les premières images de l’attaque, quatre soldats du porte-parole de Tsahal vivaient une étrange libération : leur secret était enfin révélé.
Un mois auparavant, ces deux hommes et deux femmes de la section de communication visuelle avaient été convoqués en urgence. Ce jour-là, leurs supérieurs leur dévoilèrent l’existence de l’opération secrète baptisée Éveil du Lion, et leur confièrent une mission sensible : préparer des supports visuels — cartes, vidéos, modélisations 3D — capables d’expliquer l’opération à l’opinion israélienne et internationale.
« Tout a changé en une heure », raconte le caporal D., monteuse vidéo, dans un témoignage publié sur le site officiel de Tsahal. « On nous a demandé de signer un document de confidentialité, puis on nous a révélé que l’armée se préparait à frapper l’Iran. »
À partir de ce moment, les soldats ont travaillé en étroite collaboration avec le renseignement militaire, recevant des tonnes de documents classifiés, de cartes satellites, de présentations et d’analyses techniques. Leur tâche : transformer ces données en narrations visuelles compréhensibles.
Certains défis étaient particulièrement complexes, comme la modélisation du site nucléaire de Natanz. « Il n’existe aucune photo réelle de l’intérieur », explique le caporal Y., illustratrice. « J’ai dû me baser sur les descriptions d’un scientifique nucléaire qui nous a expliqué en détail le fonctionnement d’une centrifugeuse. »
Les produits visuels ont ensuite été traduits en sept langues : hébreu, anglais, arabe, persan, espagnol, français et turc. Certains étaient destinés à renforcer la compréhension du public israélien, d’autres à légitimer l’action d’Israël à l’étranger, et d’autres encore à renforcer la dissuasion dans les médias arabes et iraniens.
« Pour localiser les sites iraniens sans coordonnées GPS, j’ai dû apprendre à lire le terrain et à reconnaître les régions d’Iran à l’œil nu », raconte le sergent T., spécialiste des effets visuels.
Le 13 juin, leurs créations ont envahi les écrans : des vidéos retraçant le vol des avions israéliens vers les cibles, des infographies sur l’enrichissement de l’uranium, des cartes d’impact… Autant de supports conçus dans le secret le plus total, sans même pouvoir partager leurs angoisses avec leurs proches.
« Le jour où tout a été publié, j’ai enfin pu expliquer à mes parents pourquoi j’étais si tendue depuis un mois », confie l’une des jeunes femmes.
Aujourd’hui, alors que les noms de Natanz, Ispahan ou Fordo sont familiers au grand public, ces quatre jeunes soldats mesurent l’impact de leur travail. Moins de 30 heures après le lancement de l’opération, leurs vidéos étaient déjà diffusées sur CNN, dans le monde arabe et même sur des chaînes iraniennes.