Tsahal a lancé dans la nuit une offensive d’une ampleur inédite contre les Houthis au Yémen. Nom de l’opération : Drapeau noir. 20 avions de chasse ont largué une cinquantaine de missiles et bombes sur deux ports de la mer Rouge, une centrale électrique. Autre cible symbolique : le cargo "Galaxy Leader", détourné par les Houthis en 2023 et équipé depuis d’un radar utilisé pour surveiller le trafic maritime international. Le ministre de la Défense, Israel Katz, a été clair : « Le sort du Yémen est le même que celui de Téhéran ».

Préparation des avions de chasse de l’armée de l’air en vue des frappes au Yémen, crédit : porte-parole de Tsahal

Derrière ces frappes, un objectif clair : saper les capacités militaires des Houthis et surtout entraver leur approvisionnement en armes iraniennes transitant par ces ports stratégiques. Mais malgré l’intensité de cette opération, les experts militaires israéliens estiment que le combat est loin d’être terminé. Ce n’est , en effet, pas une guerre classique contre un État mais contre groupe terroriste. Les leviers de pression sont plus complexes à activer que face à un pays comme l’Iran. Sans compter que le renseignement sur les Houthis reste limité. Cela fait à peine deux ans qu'Israël sur ce dossier, alors que sur l’Iran ou le Hezbollah, cela fait 20 à 30 ans qu'il accumule des données.

Lors de l’opération contre l’Iran, Israël avait menacé de frapper des infrastructures nationales, ce qui avait eu un effet dissuasif. Mais visiblement, cette stratégie fonctionne moins face aux Houthis. D’ailleurs, quelques heures à peine après les frappes israéliennes, les rebelles yéménites ont tiré deux missiles sol-sol en direction d’Israël, qui ont été interceptés. Aucun impact n’a été signalé sur le territoire israélien.

Un peu avant minuit, Tsahal avait publié un message en arabe à l'intention des civils les appelant à évacuer immédiatement les ports de Ras Issa, Hodeida et Salif, tous contrôlés par les rebelles houthis. Peu après, de puissantes explosions secouaient Hodeida et Ras Issa.

Avertissement aux civils publié en langue arabe

Cette offensive marque la première riposte israélienne d’envergure au Yémen depuis la tentative d’élimination du chef d’état-major houthi, Mohammed Abd al-Karim al-Ghamari, il y a trois semaines. Ce haut responsable, formé en Iran et responsable du programme balistique des Houthis, aurait été grièvement blessé, voire tué, lors d’une réunion de hauts gradés dans un quartier huppé.

Israël n’a pas caché son agacement face à la reprise récente des tirs houthis, après une accalmie observée durant la guerre avec l’Iran. Dimanche soir encore, un missile a été intercepté au-dessus de la mer Morte, sans faire de blessés ni de dégâts. La semaine dernière, des alarmes avaient retenti jusque dans le centre du pays, entraînant la fermeture temporaire de l’espace aérien israélien.

Le ministre de la Défense, Israel Katz, l’avait alors affirmé : « Après avoir frappé le serpent à la tête à Téhéran, nous frapperons aussi ses tentacules au Yémen. Quiconque lève la main contre Israël, nous la lui couperons. »