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Mon opinion va peut-être sembler étrange mais je pense sincèrement que c’est face au monde occidental que se pose le véritable défi d'Israël aujourd'hui, et non pas face au monde arabe. En d’autres termes et pour faire plus simple : Mansour Abbas m'inquiète moins que Yaïr Lapid. Explications. Nous nous trouvons en plein cœur des parashiot du livre de Bereshit, où est décrite la genèse du peuple d'Israël. Il commence par un couple, Avraham et Sarah, à qui Dieu ordonne de quitter leur terre, leur patrie et la maison de leur père pour aller vers la terre qu'Il leur indiquera – pas seulement une terre promise, mais surtout une terre enjointe. Suite à cet ordre divin, Avraham arrive en terre de Canaan, où naissent son fils Ishmaël et son fils-héritier, Itz'hak. Itz'hak et sa femme Rivka donnent naissance à leur tour à deux enfants : Essav et Yaakov. Et de Yaakov naissent les douze tribus qui forment l'embryon du peuple d'Israël. Dans un article fondateur intitulé « Le frère d'Ismaël et celui d'Ésaü », le regretté rabbin Yehouda Léon Ashkenazi décrit la nature de la rivalité entre Itz'hak et Ishmaël, et entre Yaakov et Essav. Il y analyse les conflits entre les descendants d'Essav (le monde chrétien et occidental), les descendants d'Ishmaël (le monde musulman) et Israël. Avec les Musulmans, nous avons un conflit politique, on pourrait même dire géographique. Selon nos sources, la rivalité entre nous et l'Islam porte sur le partage de la terre, et non sur notre existence en tant qu'Israël. Ce conflit est ici, sur terre ; il ne touche pas le ciel. Par contre, le monde chrétien-occidental et le peuple d'Israël sont rivaux sur le plan de l'identité, de l'essence ; cette rivalité touche le ciel, les valeurs, la théologie, la morale. C'est là que nous en arrivons au gouvernement israélien actuel. Un gouvernement dans lequel les porte- drapeaux de l'identité et de l'essence juives sont absents : les traditionalistes, le monde national-religieux (du moins ses membres les plus conservateurs) et les orthodoxes – ceux qui se définissent d'abord comme Juifs, puis comme Israéliens. Un gouvernement dont le ministre des Affaires étrangères a fait de l'antisémitisme un mot vide de sens et un terme collectif pour toute forme de haine de l'autre, dans la pure tradition des clichés progressistes néolibéraux et en effaçant la spécificité de notre histoire. Un gouvernement qui a décidé de nommer à la tête de la commission chargée des « services religieux juifs » (sic) la députée Yulia Malinowsky, du parti Israel Beiteinu, laquelle députée se moque systématiquement de la Torah d'Israël, et a récemment déclaré qu'elle et sa commission allaient briser le rabbinat. Un gouvernement qui transfère plusieurs millions au judaïsme libéral et réformé mais n'a pas trouvé de source budgétaire pour financer des projets liés à l'héritage des Juifs séfarades respectueux des traditions. Pas étonnant, dès lors, qu'instinctivement, ceux qui sont aujourd'hui dans l'opposition comprennent que le vrai danger concerne le ciel et non la terre. Ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est l'avenir de l'État d'Israël en m tant qu'État juif. Car que veut nous dire Yaïr Lapid lorsqu'il déclare : « Mon judaïsme ne commence pas par les Dix Commandements, mais par Dieu disant à Avraham d'aller vers sa terre et sa patrie » (l'erreur – freudienne ? – est dans le texte) ? Quel est son objectif lorsqu'il vide le judaïsme des Dix commandements, voire des 603 autres ? Un peuple comme tous les autres peuples, version Yaïr Lapid, qui veut forcer Israël à rejoindre la coalition progressiste occidentale. De nombreux Juifs ont tenté cela avant lui. Ils n'ont pas vraiment réussi. Il ne réussira pas non plus.