Société

Douma: la Cour suprême rejette l’appel d’Amiram Ben Oliel

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1 septembre 2022

ParIsraJ

Douma: la Cour suprême rejette l’appel d’Amiram Ben Oliel
Photo by Yonatan Sindel/Flash90

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Fin juillet 2015, deux maisons du village (arabe) de Douma ont été incendiées en pleine nuit et sur le mur de l’une d’entre elles, les mots « vengeance » et « vive le roi Mashiah’ » ont été inscrits. Dans l’une des maisons se trouvait une famille mais l’autre était vide. Cet incendie a causé la mort de trois membres de la famille Dawabsheh: un enfant d’un an et demi est décédé sur le moment. Le père et la mère, grièvement brûlés, ont succombé quelques jours plus tard à leurs blessures. Un autre enfant, âgé de 4 ans et demi a survécu mais a été gravement brûlé.

Après des mois d’enquête, le parquet a inculpé au tribunal de district de Lod, le 3 janvier 2016, deux suspects arrêtés un mois auparavant : l’un d’entre eux était âgé de 21 ans, Amiram Ben Oliel, accusé de meurtre et l’autre, mineur (17 ans), de complicité de meurtre.

D’après l’acte d’accusation, Amiram Ben Oliel et le mineur dont le nom n’a pas été publié auraient planifié un attentat contre des Arabes « pour venger le meurtre de Malah’i Rosenfeld ». Ils auraient alors observé le village de Douma et envisagé de mettre le feu à des maisons.

Selon le parquet, plusieurs jours avant l’attentat, les suspects se seraient rencontrés et auraient décidé de commettre leur acte la nuit suivante, c’est-à-dire entre le 30 et le 31 juillet 2015. L’acte d’accusation affirme qu’ils avaient l’intention « de causer la mort des habitants de ces maisons ».

Le principal suspect aurait alors préparé deux bouteilles remplis de liquides inflammables, des chiffons, un briquet et une boite d’allumettes, des gants et un vaporisateur de peinture noire. Il aurait introduit tout ce matériel dans un sac laissé près de son domicile. Le 30 juillet, à 23 heures, il aurait enfilé un pantalon de couleur sombre et deux chemises sombres, serait sorti de chez lui, aurait pris le sac et comme convenu avec le jeune mineur, il se serait dirigé vers une grotte. Ne le trouvant pas au rendez-vous, il aurait décidé d’agir seul et se serait dirigé vers Douma. Il serait ensuite entré dans le village et se serait approché des maisons visées. Il aurait trouvé une fenêtre ouverte et aurait lancé des chiffons enflammés à l’intérieur.

Les familles des suspects ont dénoncé les méthodes employées par le département juif du Shabak pour les faire parler. Le mineur sera finalement disculpé, son témoignage ayant été jugé irrecevable car obtenu sous la torture.

Amiram Ben Oliel, quant à lui, a reconnu les faits, mais d'après son avocat, ces aveux ont été obtenus par le biais de méthodes illégales employées par les enquêteurs.

C'est d'ailleurs sur la base de ces allégations que les avocats de Ben Oliel ont fait appel de la décision de condamner leur client pour meurtre à trois peines de prison à perpétuité avec 20 ans de sûreté.

La Cour suprême a rejeté l'appel à l'unanimité: ''Les membres de la famille Dawabsheh, innocents - les parents Saad et Raham, leur bébé d'un an et demi, Ali ont été brûlés dans leur sommeil. Quelle genre de vengeance est-ce? Une famille entière qui dort et qui se retrouve prise au piège mortel des flammes que l'accusé a allumées pour se venger en tuant des Arabes parce qu'ils sont arabes. Il est impossible d'accepter et de tolérer cela", a écrit le juge.

Betsalel Smotrich (Hatsionout Hadatit) et Itamar Ben Gvir (Otsma Yehoudit) - qui a été au début de l'affaire l'avocat de Ben Oliel - ont regretté la décision de la Cour. Selon eux, elle a donné un permis de torturer aux enquêteurs. ''Le tribunal lui-même a reconnu qu'il avait été torturé'', a déclaré Ben Gvir, ''et au lieu de le libérer, la cour le condamne à trois peines de prison à perpétuité''.

Smotrich a estimé: ''Le juge Elron a donné aujourd'hui son feu vert aux tortures par les enquêteurs en Israël et pour accuser une personne sur la base d'aveux obtenus sous la torture, même s'ils contredisent de nombreuses preuves sur le terrain. Parlez-moi encore de démocratie''.

Ben Oliel a reçu un soutien plus inattendu, celui de l'organisation de gauche: ''le comité contre les tortures en Israël''. Dans un communiqué publié après le rejet de l'appel, elle écrit: ''La décision de laisser un homme en prison sur la base d'aveux acquis sous la torture est un véritable manquement. Malgré l'extrême gravité des faits reprochés à l'accusé Ben Oliel et le drame qui s'est abattu sur la famille Dawabsheh, il aurait été bien que la cour donne un poids significatif au fait qu'avant d'avouer Ben Oliel a subi des interrogatoires comprenant des tortures. Ces méthodes ont conduit, plus d'une fois, les suspects à avouer des crimes qu'ils n'ont pas commis. Il est temps qu'une loi soit votée en Israël contre les tortures et que les interrogatoires du Shabak soient filmés pour s'assurer qu'aucun acte répréhensible qui pourrait conduire à la torture ou à l'humiliation du suspect ne soit commis et pour ne pas que nous perdions notre humanité en tant que société''.

 

 

 
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