Vie politique

Procès Netanyahou: le dossier 4000 de plus en plus fragilisé

4 minutes
20 décembre 2022

ParIsraJ

Procès Netanyahou: le dossier 4000 de plus en plus fragilisé
Photo by Olivier Fitoussi/Flash90

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Au procès de Binyamin Netanyahou, dans le cadre de l'affaire 4000, un nouveau témoin du Parquet était appelé à la barre aujourd'hui.
Il s'agissait de David Sharan, ancien directeur de cabinet de Netanyahou, à l'époque des faits qui lui sont reprochés.

Sharan, tout comme Shlomo Filber et le Dr Yifat Ben Haï Segev, a tenu devant la Cour des propos différents de ceux retranscris dans les procès verbaux des interrogatoires de la police. L'ancien directeur de cabinet, comme les deux autres témoins avant lui, a soutenu que son interrogatoire avait été biaisé, orienté et il a ajouté qu'il avait reçu des menaces de la part des enquêteurs comme celle de ne pas revoir sa femme. Il aurait, pendant l'interrogatoire, changé de version après que les enquêteurs lui ont donné des informations. ''Je leur ai dit que ce qu'ils disaient était peut-être logique''.

Lui aussi, comme le Dr Ben Haï Segev, n'a pas été autorisé à consulter ses agendas lors de sa déposition. Les faits sur lesquels portaient les interrogatoires remontaient à plusieurs années, et Sharan a prétendu devant la Cour qu'il ne pouvait pas se souvenir de tout.

Par ailleurs, Sharan est inculpé dans l'affaire des sous-marins et il a dit au tribunal ce matin, se sentir menacé par le Parquet, en raison de cette ''épée'' au-dessus de sa tête et ne pas se sentir libre dans ses propos. ''Je me sens menacé et le bourreau se trouve juste à côté de moi''.

 

Concernant le sujet principal de l'affaire 4000 - la fusion entre Bezeq et Yes - David Sharan a affirmé que Netanyahou n'avait jamais exercé aucune pression sur lui pour favoriser cette fusion. ''Je me souviens l'avoir entendu une fois dire que Bezeq posait problème'', rien de plus et Sharen témoigne de la manière dont Netanyahou sait insister quand un sujet lui tient à coeur. Cela ne semblait donc pas être le cas pour la fusion Bezeq-Yes d'après le témoignage de son ancien chef de cabinet.

Le procureur lui a demandé si lorsqu'il a affirmé aux enquêteurs avoir entendu Netanyahou dire qu'il y avait un problème avec Bezeq et qu'il fallait s'en occuper, il l'avait fait sur la base de ses souvenirs. ''Après l'interrogatoire, je suis rentré chez moi et j'y ai repensé. Je suis arrivé à la conclusion que je ne pouvais pas garantir cela. Je ne m'en souvenais pas vraiment, je ne peux pas m'en souvenir''.

Le procureur a demandé à la juge de déclarer Sharan comme témoin hostile au Parquet, alors même que c'est ce dernier qui l'a fait venir. Une demande identique avait été faite avec deux autres témoins de l'accusation - Filber et Ben Haï Segev.

Cette dernière, directrice de l'autorité du cable, a affirmé que la fusion entre Bezeq et Yes était déjà d'actualité avant l'arrivée de Shlomo Filber comme directeur du ministère des Télécommunications, que dirigeait à l'époque Netanyahou. Elle a même ajouté que cette opération était nécessaire.

L'avocat de Binyamin Netanyahou, Me Ben Tsur, a demandé au Dr Yifat Ben Haï Segev de raconter une réunion autour de la fusion entre Bezeq et Yes. ''L'ambiance était tendue et la réunion a duré très longtemps. Nous n'avons pas épargné Bezeq pour qui le débat n'a pas dû être facile''.
Me Ben Tsur a fait remarquer à la Cour que le Parquet n'avait pas communiqué à la Défense le protocole de cette réunion. Dr Yifat Ben Haï Segev a confirmé que ce protocole existait et qu'il avait été distribué à toutes les parties concernées. Elle a ajouté que lors de son interrogatoire, elle a demandé à le consulter, ce qui lui a été refusé. Elle a témoigné devant la Cour de son incompréhension face à cette attitude des enquêteurs: ''Nous ne jouons pas au memory'', les faits en cause remontant à plusieurs années.

 

Hier le Dr Yifat Ben Haï Segev a tenu des propos très tranchés concernant la manière dont le dossier 4000 était géré: ''J'ai compris que le cible était désignée et qu'il fallait orienter les flèches. C'est pour cela que l'on ne m'écoutait pas et que personne n'a cherché à aller au fond pour avoir la vérité. Les enquêteurs ont fait pression sur moi. Je leur ai dit que je n'avais aucune raison de défendre Netanyahou, je n'appartiens pas au même camp politique que lui. Cela n'a pas aidé. Ils s'attendaient à ce que j'arrive, le couteau entre les dents, et que je leur donne la tête de Netanyahou. Lorsqu'ils ont vu que cela ne se produisait pas, ils ont commencé à utiliser des tactiques pour m'induire en erreur".

 


 

 
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