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Le spécialiste du Proche-Orient, le Dr Mordehaï Kedar, analyse sur A7, le rapprochement entre l'Iran et l'Arabie Saoudite. Selon lui, il est la conséquence d'une dégradation progressive des relations entre l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis combinée à un affaiblissement de l'image de l'Occident en général et d'Israël en particulier.
Avec les Etats-Unis, il s'agit d'une ''histoire qui s'étend sur plusieurs années'', explique le Dr Kedar, ''Pour les Saoudiens, c'est un couteau américain dans le dos. Cela a commencé en 2014 avec la signature de l'accord sur le nucléaire iranien par Obama qui a été perçue comme une trahison''. Puis il énonce l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi: ''Les Saoudiens ne pensent pas que les relations entre les Etats doivent se fonder sur des cas particuliers, aussi graves soient-ils, qui concernent les Droits de l'homme''.
Le Dr Kedar évoque aussi un épisode survenu sous la présidence de Trump, lorsque les Iraniens ont détruit la moitié de la capacité saoudienne de production de pétrole. Trump a condamné mais n'a rien fait.
Puis, il y a eu les tentatives de Biden de ressuciter l'accord avec l'Iran. ''C'est l'histoire d'un éloignement et chez les Bédouins, celui qui a trahi n'est jamais pardonné, même si cela va contre son propre intérêt'', explique le Dr Kedar.
Finalement, les Souadiens ont adopté la doctrine suivant laquelle s'il est impossible de frapper son adversaire alors mieux vaut s'allier avec lui.
Le Dr Kedar élargit l'image et décrit l'affaiblissement de l'Occident, ou en tout cas, ce qui est perçu comme tel par les Saoudiens, à la lumière de ce qui se passe en Ukraine et du renforcement de l'axe Russie-Chine-Iran-Vénézuela.
Puis il ajoute que les déchirements internes à Israël ont aussi contribué au rapprochement entre Riyad et Téhéran: ''Le désordre en Israël depuis deux mois renvoie une image de faiblesse. Si auparavant, Israël était perçu comme une entité forte sur laquelle on pouvait se reposer, en particulier face à l'Iran, à l'heure qu'il est, on entend la rebellion des pilotes qui peut bloquer au sol des escadrilles entières et on comprend que peut-être qu'Israël n'est finalement qu'un tigre de papier. Si auparavant, on avait confiance en Israël et on signait les Accords d'Avraham, tout cela est en train de s'estomper''.
La situation interne en Israël et la faiblesse que renvoient les manifestations sont aussi à l'origine du refroidissement des relations avec les Emirats, selon le Dr Kedar.
Aujourd'hui, on apprenait que le Bahreïn allait aussi entamer des discussions avec les Iraniens dans le but d'un rapprochement. Après le Koweït, l'Arabie Saoudite et les Emirats, le Barheïn pourrait donc être le prochain sur la liste.
Ils en seraient arrivés à la conclusion qu'aujourd'hui, mieux vaut être allié avec l'Iran pour se protéger de son agressivité qu'avec Israël et les Etats-Unis.
Le Dr Kedar conclut en insistant que la priorité pour réinstaller un meilleur climat avec les pays arabes est de changer d'attitude à l'intérieur même d'Israël: ''Si nous ne nous prenons pas au sérieux, pourquoi les autres le feraient?''.
Les voyages de Netanyahou en Europe en ce moment ont pour objectif principal de renforcer, dans ce contexte, le front contre l'Iran. C'est le sujet principal qu'il a évoqué avec la Première ministre italienne la semaine dernière et qu'il évoquer avec le chancelier allemand cette semaine et le Premier ministre britannique la semaine prochaine.