Cette nuit (dimanche à lundi), Binyamin Netanyahou a tenu une réunion avec trois de ses ministres: Yariv Levin, ministre de la Justice, Dudi Amsellem, ministre au sein du ministère de la Justice et ministre chargé des relations avec la Knesset et Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques.
Les quatre hommes se sont entretenus sur la réforme judiciaire et les objectifs en termes de processus législatif.

Depuis que l'opposition a annoncé qu'elle suspendait les négociations à la résidence présidentielle, Netanyahou a décidé que la réforme serait promue de manière unilatérale à la Knesset mais tient à procéder étape par étape.

 

Il a été décidé que la loi sur la restriction du champ d'application de la clause de raisonnabilité serait votée lors de la session actuelle d'été. Aucun engagement n'a été pris sur le reste de la législation dans l'immédiat. Le Premier ministre veut attendre et observer les réactions sur le terrain avant de décider quelles seront les prochaines mesures portées au vote de la Knesset.

Au sein du gouvernement, Levin, Smotrich et Ben Gvir font pression sur Netanyahou pour qu'il accepte de faire passer également la loi concernant le statut des conseillers juridiques du gouvernement au moins en première lecture avant la pause parlementaire. Ils souhaitent aussi au minimum entamer les débats sur la modification de la composition de la commission de nomination des juges.
Netanyahou s'est engagé à la tenue de consultations et de débats sur ces différents sujets dans les semaines qui viennent, sans fermer totalement la porte aux revendications de ses ministres.

 

Pendant ce temps, les débats autour de la loi sur la clause de raisonnabilité se poursuivent au sein de la commission des Lois, dirigée par Simha Rotman, à la Knesset, en vue de la proposition du projet au vote des 120 députés.

L'atmosphère lors des débats est électrique, une ambiance savamment entretenue par les députés de l'opposition, en particulier ceux de Yesh Atid, qui crient à la dictature à la moindre occasion. D'ailleurs hier, le député Rotman leur a tendu un piège dans lequel ils sont tombés avec une facilité déconcertante.

Rotman a cité un jugement de la Cour suprême obligeant le gouvernement à construire des maternelles avec des matériaux blindés dans le sud du pays, rendu il y a quelques années. Puis, il a lu une réaction à ce jugement selon laquelle la Cour suprême faisait un usage abusif de son pouvoir dans cette sentence puisqu'elle s'ingérait dans la politique sécuritaire de l'Etat d'Israël.

La députée Debbie Bitton de Yesh Atid a bondi. Elle a reproché à Rotman d'être insensible au sort des habitants du sud, dont elle fait partie. Elle s'est mise à hurler dans la salle de la commission que la Cour suprême avait raison et que Rotman devrait avoir honte de la critiquer comme il le fait. Elle a été soutenue, dans sa colère, par plusieurs autres députés de Yesh Atid.

Seulement voilà, après avoir, non sans mal, ramené le calme autour de la table, Simha Rotman a avoué que la critique de la décision de la Cour suprême qu'il avait rapportée avait été dite en son temps par Yaïr Lapid lui-même, le chef de parti des députés qui ont réagi avec virulence aux propos qu'ils pensaient être de Simha Rotman.

Suite à cet épisode, le député Rotman a conclu: ''Ce sont des propos qu'il était trivial de prononcer en 2014 ou en 2016 et quand je les répète devant la commission des lois aujourd'hui, les députés de Yesh Atid me font taire avec virulence. Nous voyons bien pour qui la démocratie est importante et qui veut uniquement mettre le pays à feu et à sang. Le public a pu se rendre compte que l'objectif des discussions à la résidence présidentielle était de créer le chaos et non de parvenir à un accord. Le public n'est pas idiot et n'oubliera pas ce qu'il a appris. Il ne se laissera pas avoir par ces mensonges''.