Ce projet de loi figure dans les accords de coalition mais ce dépôt aujourd'hui, dans le contexte actuel, n'a pas été coordonné avec les membres de la coalition, ni d'ailleurs avec la branche Deguel Hatorah de la faction parlementaire Yahadout Hatorah.
Une telle loi devait être présentée devant la Knesset avant le vote du budget, selon les accords de coalition. Face au retard pris sur cet engagement, des députés de l'Agoudat Israël, une des deux branches Yahadout Hatorah, ont décidé de la déposer aujourd'hui, à quelques jours de la fin de la session parlementaire d'été.
Cette loi contient les dispositions suivantes: ''L'Etat d'Israël, comme Etat juif, considère avec la plus grande importance et encourage l'étude de la Torah et ses étudiants''. Par conséquent, les initiateurs de la loi proposent ''d'ancrer comme il se doit, dans une loi fondamentale l'importance considérable et la grande valeur que l'Etat accorde à l'étude de la Torah et sa volonté à encourager l'étude de la Torah''.
Puis vient un passage qui a déjà beaucoup fait réagir: ''Ceux qui prendront sur eux de dédier une partie significative de leur vie, à l'étude de la Torah, seront considérés comme servant, dans le cadre d'un service significatif, l'Etat d'Israël et le peuple juif, avec les droits et les devoirs qui en découlent''.
Cette définition de l'étude de la Torah comme valeur suprême ancrée dans une loi fondamentale constituera un outil face à la Cour suprême concernant l'enrôlement des étudiants de yeshiva à l'armée. En plaçant sur le même plan l'étude de la Torah et le service militaire au sein de Tsahal, la loi empêchera la Cour suprême de contraindre les étudiants en yeshiva à servir à l'armée au nom du principe d'égalité.
Le dépôt de cette proposition devant la Knesset aujourd'hui, a pris de court les membres de la coalition et dans l'entourage du Premier ministre, on fulmine. D'après le journaliste, Amit Segal, le cabinet de Netanyahou tient des consultations pour déterminer la réaction à adopter face à la démarche d'Agoudat Israël, qui n'était pas coordonnée avec lui. Shass et Deguel Hatorah ont aussi appris la nouvelle avec stupéfaction.
Le Likoud a fait savoir que cette loi ne serait pas promue.
Cette proposition de loi a déjà fait réagir. Le député Gadi Eizenkott, ancien Chef d'Etat-major, a déclaré que cette loi était ''un coup fatal porté à Tsahal''.
Le député Matan Kahana a tweeté: ''Mes frères orthodoxes, vous pensez vraiment qu'hier était le bon jour pour déposer une telle proposition de loi? Sans Torah, il n'y a pas d'Etat d'Israël. C'est très clair. Mais de la même manière, il est très clair que cette loi va porter gravement atteinte au monde de la Torah, à la société orthodoxe et à l'Etat d'Israël. Vous avez le pouvoir pour le moment, s'il vous plait, utilisez-le avec responsabilité''.
Le député Guilad Kariv (Avoda): ''Cette proposition de loi est un crachat aux visages des familles endeuillées, des blessés de Tsahal et de tout le public israélien qui protège les frontières de l'Etat et assure sa sécurité. Elle méprise aussi le respect dû à la Torah et la valeur importante qu'est l'étude de la Torah, sans attendre un salaire en retour. Si les députés orthodoxes pensent qu'ils vont envoyer leurs enfants sur les bancs de la yeshiva pendant que nous enverrons les nôtres au service militaire, ils risquent d'être déçus''.
Au sein de la coalition aussi, beaucoup de députés acceptent difficilement cette démarche. Le député Dan Illouz a déposé, en réponse, une proposition de loi insistant sur l'importance du service au sein de Tsahal et du travail comme partie intégrante de l'héritage juif: ''Nos Sages savaient demander du public juif d'associer étude de la Torah et travail. La majorité des Sages du peuple d'Israël, pendant des générations, avaient aussi un métier. Aujourd'hui, au sein de l'Etat d'Israël souverain, les guerres contre nos ennemis sont des guerres selon la halaha (mil'hemet mitsva), nous avons l'obligation de nous enrôler, c'est ce que nous demande la Torah''.
Le ministre de la Diaspora et de l'Egalité sociale, Amihaï Chikli, a tweeté: ''L'étude de la Torah est une valeur suprême dans le peuple d'Israël qui n'a jamais eu besoin d'une loi pour le savoir, et cela doit rester ainsi. Le dépôt de cette loi est une manoeuvre qui cause des dommages dans le contexte actuel, la comparaison avec le service millitaire n'est pas acceptable, elle ne doit pas exister, pas en mon nom''.