Afin de répondre à la demande d’une partie de la population d’horaires non mixtes pour profiter des sources naturelles du pays, le gouvernement a mis au point un compromis. La baignade continuera à être mixte pendant toute la journée et lorsque les sites auront fermé leurs portes, des horaires non mixtes seront proposés. De la sorte, le changement ne nuit en rien aux baigneurs que la mixité ne dérange pas, qui pourront continuer comme avant à profiter des sources pendant toute la journée. Les baignades mixtes seront, par ailleurs prolongées le jeudi entre 17h et 19h30.
Le projet pilote, qui devait donc commencer cette semaine, concernait deux sites: Ein Hanya dans les monts de Judée et Einot Tsukim au nord de la Mer Morte.
A l'annonce de ce projet pilote, on a assisté à une levée de boucliers de la part des organisations féministes et laïques.
Malgré le fait que ces baignades séparées ne soient prévues qu’après les heures d’ouverture des sites et uniquement pour le mois d’août, elles avaient crié à la discrimination et s’étaient déclarées contre le projet. Ainsi Me Gali Singer, la vice-présidente du département juridique du lobby féministe, avait écrit: ”Cela commence par un projet pilote et puis petit à petit, cela s’étend dans tout l’espace public. Nous sommes les témoins, ces derniers temps, d’un nombre croissant de cas dans lesquels l’espace public devient moins égalitaire et plus discriminant. Dans certains cas, on propose même des réductions à ceux qui viendraient aux heures non mixtes, ces mesures sont très inquiétantes. C’est une manière pour les éléments extrémistes de nous ramener en arrière, progressivement, projet pilote après projet pilote. Nous ne laisserons pas ce genre d’initiatives passer sous les radars. Nous continuerons à oeuvrer contre ce phénomène et à garantir que tous les lieux soient ouverts à tous”.
Le mouvement ”Israël ‘Hofshit” (Israël libre) avait même envoyé une lettre de mise en demeure avant dépôt de plainte à la ministre Silman. ”Les familles en Israël ne vont pas se lever le matin et se demander si aujourd’hui elles ont le droit d’aller se promener sur les sites naturels où elles veulent aller, ou si aujourd’hui est le jour non mixte. Il est interdit de laisser une telle situation s’installer. Nous emploierons tous les moyens juridiques et nous appelons tout le public, à se rendre sur les sites naturels quand ils sont ouverts et à profiter de ce qu’ils offrent”.
Un autre argument avancé contre le projet est celui du respect de la faune de ces parcs. Les horaires prévus de fermeture du site sont fixés pour pouvoir laisser aussi la nature reprendre ses droits en fin de journée sur ces sites, sans présence humaine. Certains estiment donc que si ces sources sont ouvertes plus longtemps au public, cela nuira aux animaux dans ces zones naturelles.
Gali Baharav Miara, la conseillère juridique du gouvernement, a rendu hier (jeudi) son avis à la ministre Silman. Elle l'a informée qu'elle s'opposait au projet pilote et qu'elle estimait qu'une telle décision ne pouvait être prise que par l'obtention d'un accord entériné par une loi.
Baharav Miara a indiqué à Silman que l'autorité des parcs n'avait pas le pouvoir de décider d'horaires de baignades séparées et qu'il fallait donc le lui conférer par le biais d'une loi. Par ailleurs, elle a ajouté qu'une telle possibilité de baignades séparées était contraire au principe d'égalité.
La ministre de l'Environnement a critiqué la décision de la conseillère juridique: ''Je suis vraiment navrée qu'au lieu d'oeuvrer pour réduire les divisions au sein de la société israélienne, le conseil juridique du gouvernement choisisse une voie qui ne fait qu'augmenter les tensions et la fracture au sein du peuple en exigeant uniquement de procéder par la voie législative''.
Silman a renchéri: ''Hélas, l'attachement à l'égalité et au pluralisme s'arrête lorsqu'il s'agit des besoins des publics orthodoxe, religieux et arabe. Du point de vue du conseil juridique du gouvernement, en 2023, aucune place réelle n'est faite à des ententes sociales qui traverseraient les secteurs, mesurées et tolérantes, qui reflètent la volonté du public dans toutes ses nuances en appliquant le principe de base tout simple: permettre aux uns de profiter sans léser les autres''.
Le député Moshé Gafni (Yahadout Hatorah) s'est, lui aussi, insurgé contre la décision de la conseillère juridique du gouvernement: ''Au sein du bureau du conseil juridique du gouvernement, le mot 'égalité' n'existe que pour un certain public et disparait lorsqu'il s'agit du public, orthodoxe, religieux et arabe. Les sources naturelles en Israël ont été données à tout le monde et pas uniquement à certains publics. Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi une femme orthodoxe qui veut une baignade séparée, n'a pas le droit à l'égalité?''.
La députée, Limor Son Har Meleh (Otsma Yehoudit), présidente du lobby pour la femme orthodoxe et religieuse a déclaré: ''C'est une situation inacceptable dans laquelle un public important de femmes en Israël ne peut pas recevoir une réponse compatible avec son mode de vie et sa vision du monde. N'est-ce pas de la discrimination contre les femmes? Je tiens à féliciter la ministre pour son initiative importante pour de nombreuses femmes en Israël. Nous nous tiendrons à ses côtés dans ce projet. Comme l'a ordonné la conseillère juridique du gouvernement, nous allons promouvoir ce projet important dans le cadre d'une loi''.