Vie politique

Les partis orthodoxes font pression autour de la loi sur l’enrôlement à l’armée

4 minutes
6 septembre 2023

ParIsraJ

Les partis orthodoxes font pression autour de la loi sur l’enrôlement à l’armée
Photo by Chaim Goldberg/Flash90

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Ce sera le dossier brûlant de la session parlementaire d'hiver: la loi sur l'enrôlement des orthodoxes à l'armée.

Il y a trois semaines, le secrétaire du gouvernement, Me Yossi Fuchs, a réuni une commission spéciale composée de représentants orthodoxes, de professionnels et de ministres afin de parvenir à une version consensuelle de cette fameuse loi.
Précisons que depuis le 1er juillet dernier, la loi qui dispense les étudiants de yeshiva de faire l'armée est arrivée à expiration. De manière totalement exceptionnelle, le gouvernement a demandé à Tsahal de ne pas faire appliquer l'obligation de service militaire pour cette population, en attendant de légiférer à nouveau. Depuis, les jeunes orthodoxes continuent à se présenter pour leur premier ordre d'incorporation à 16 ans et demi et demandent un report.

Depuis une trentaine d'années, les gouvernements successifs se sont cassés les dents sur cette dispense. Plusieurs lois ont été proposées, rejetées par la Cour suprême, au motif qu'elles contrevenaient au principe d'égalité.

Le gouvernement doit absolument trouver une solution législative à la situation actuelle. Mais ce sujet est sensible et malgré les efforts entrepris, pour l'heure aucune proposition n'a été rédigée.

 

Ce soir (mercredi), des cadres du gouvernement, dont le Premier ministre, le ministre de la Défense et le ministre des Finances doivent se réunir pour débattre de l'augmentation du salaire des combattants de Tsahal. C'est la condition posée par Yoav Gallant pour soutenir toute loi qui exempterait les orthodoxes de l'armée. En outre, l'idée est d'attirer les jeunes orthodoxes qui ''hésitent'' vers l'armée où ils pourront toucher un salaire intéressant. Gallant demande un budget de 10 milliards de shekels afin de porter le salaire des soldats à un niveau quasiment identique à celui du salaire minimum sur le marché. Smotrich n'est pas prêt à accorder autant d'argent, sa limite supérieure est de 6 milliards de shekels.

De leur côté les partis orthodoxes durcissent leur discours. Ces dernières semaines, ils ont menacé de faire tomber la coalition et préviennent qu'ils n'accepteront aucune concession. La loi qui est en cours d'élaboration comporte plusieurs volets dont le vote d'une loi fondamentale sur l'étude de la Torah qui comparera le statut d'étudiant en yeshiva à celui de soldat afin de contourner l'argument d'égalité avancé par la Cour suprême. A côté de la dispense accordée aux étudiants de yeshivot, la loi consacrerait une augmentation significative du salaire des soldats.

 

Le ministre des Cultes, Michaël Malkieli (Shass), a précisé que son parti ne s'opposait pas à l'enrôlement des orthodoxes en général. ''Un orthodoxe doit s'enrôler comme n'importe quel autre citoyen. Nous demandons une dispense pour ceux qui étudient à la yeshiva''.
Les positions sont beaucoup plus radicales du côté de Yahadout Hatorah. D'après les informations révélées par le journaliste Yehuda Shlesinger dans Israël Hayom, c'est le ministre Meïr Poroush de Yahadout Hatorah (Agoudat Israël) qui milite pour une attitude intransigeante: pas de service ni militaire ni civil.

C'est d'ailleurs l'une des raisons qui explique le manque d'enthousiasme et d'implication des partis orthodoxes ces derniers temps en faveur de la réforme judiciaire. Ces partis poussent Netanyahou au compromis et au gel de la législation. Ils précisent que leur objectif principal est la loi de dispense des orthodoxes du service militaire et veulent, pour cela, un retour au calme et un adoucissement de l'attitude du pouvoir judiciaire envers la coalition.

 

Au sein du Likoud, l'inquiétude grandit et en tête des préoccupations se trouve la menace sur l'aptitude de Tsahal. En effet, si sur une question comme la réduction du champ de la clause de raisonnabilité, des centaines d'officiers et de soldats ont déclaré qu'ils arrêteraient de servir, il est évident que la question de l'enrôlement des orthodoxes mobilisera encore plus de monde.

Certains cadres de la coalition pointent un doigt accusateur vers les orthodoxes: ''Il existe un compromis obtenu par Ariel Attias (Shass), il y a quelques années, qui fixe des quotas d'orthodoxes qui doivent s'enrôler. La plupart des rabbins l'avaient accepté. Benny Gantz ne pourra pas s'y opposer puisqu'il l'a signé dans les accords de coalition en 2020. C'est une bonne solution, mais maintenant M. Poroush pousse à l'extrême. Tous les autres représentants orthodoxes sont d'accord avec un tel compromis pragmatique, mais Poroush veut une dispense générale. Cela nous rend les choses extrêmement difficiles''.

 

Malgré tout, dans l'entourage du Premier ministre, on tient à rester optimiste: ''C'est un problème soluble qui ne fera pas tomber le gouvernement. Depuis la création de l'Etat, les orthodoxes n'ont pas été enrôlés de force et il faut trouver une solution pour parvenir à un consentement''.

 
Boaron blue