Sécurité

L’ex otage Eli Sharabi raconte sa captivité

6 minutes
28 février 2025

ParIsraJ

L’ex otage Eli Sharabi raconte sa captivité
Photo by Yonatan Sindel/Flash90

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L'ex otage Eli Sharabi a raconté dans l'émission Ouvda de la chaine israélienne N12 sa captivité en livrant des détails qui font froid dans le dos.

Eli a été enlevé de chez lui dans le kibboutz Beeri, où il vivait avec sa femme Lyan et ses deux filles Noya et Yahel. Elles ont toutes les trois été assassinées le 7 octobre.

Eli a été libéré après 491 jours de captivité et tient, malgré la douleur, à parler de tout.

Sharabi décrit dans l'interview le moment déchirant où il a été arraché à sa femme Lyan et à ses filles, Noya et Yahel: "La scène est simplement atroce, une terreur indescriptible, incomparable à quoi que ce soit.
Dix terroristes dans la maison. Deux me saisissent, d'autres tiennent mes filles et les gardent dans la cuisine. Pendant tout ce temps, Lyan tente de les raisonner : "Passeport britannique", leur répète-t-elle, pensant que cela les protégera. Je savais que j’allais être kidnappé. C’était clair pour moi. Je crie à mes filles : 'Je reviendrai !' À partir de ce moment-là, je suis en mode survie. Peu importe ce qui m’arrive, peu importe ce qu’ils me font, je reviendrai. Je n’oublierai jamais le regard de mes filles, l’effroi dans leurs yeux. J’espère qu’elles n’ont pas souffert."


Eli ne savait pas pendant toute sa captivité que sa femme et ses deux filles avaient été assassinées. Il ne l'a appris que lorsqu'il a été pris en charge par les forces de Tsahal le jour de sa libération. Les terroristes jusqu'au dernier moment lui disaient qu'elles l'attendaient et qu'il allait les retrouver.


Eli raconte que lorsqu'il arrive à Gaza, la foule tente de le lyncher. Les terroristes parviennent in extremis à l'extraire et à le ramener avec eux.


Il a été détenu pendant tout ce temps avec différents otages. Au début, il est pendant trois jours avec Hersh Goldberg-Polin, Ori Danino et Almog Sarusi, enlevés lors du festival Nova. Lorsque les trois sont séparés de lui, il suppose qu’ils sont libérés et rentrent chez eux. Ce n’est qu’à la toute fin de sa captivité qu’il apprendra qu’ils ont été assassinés des mois plus tard dans un tunnel à Rafah.












Sharabi évoque également le moment où il apprend que son frère Yossi, avec qui il vivait au kibboutz, a été kidnappé et assassiné. Deux jours avant sa libération, un homme qu’il surnomme "le commandant de l’opération" vient le voir, fier d’annoncer la mort de Yossi: ''Il me montre une photo de Yossi et me dit que l'armée de l'air l'a tué''. Sharabi refuse d’y croire, mais au moment de sa libération, Ohad Ben Ami, un voisin du kibboutz lui aussi otage lui révèle la vérité : "Il m’emmène à l’écart et me dit : 'Tout ce qu’ils t’ont dit est vrai. C’était comme recevoir un coup de massue de cinq kilos sur la tête."


Le premier soir dans le tunnel, où il a été détenu plus d'un an, Sharabi s’en souvient avec une précision glaçante. Il était enfermé avec Or Levi, Eliyah Cohen et Alon Ahel, 50 mètres sous terre, dans des conditions sanitaires catastrophiques. "Tu prends une douche une fois par mois avec une bouteille d’eau, un demi-seau d’eau froide. Des chaînes aux pieds, du premier au dernier jour. Certains ne les avaient qu'une partie du temps, moi, j’ai été enchaîné aux jambes pendant un an et quatre mois, avec des chaînes lourdes et des cadenas qui me déchiraient la chair."


Plus que la violence et l’insalubrité, pour Sharabi le pire était la faim. "Le simple fait qu’un homme libre puisse prendre un fruit ou un verre d’eau – c’est à ça que tu rêves chaque jour. Les coups, tu t’en fiches. Ils m’ont battu, ils m’ont brisé des côtes. Ça m’est égal. Juste, donne-moi un bout de pita. Tu vois ton ventre se creuser. À un moment, tu n’arrives pas à croire que c’est ton propre corps qui subit ça. Dans les pires périodes, on mangeait une seule fois par jour : un bol de pâtes - 250 à 300 calories – c’est tout ce qu’on recevait pour survivre''.


L'ex-otage affirme également que les terroristes étaient très attentifs aux déclarations des responsables politiques israéliens et se comportaient avec les otages en fonction. ''Juste en observant leur comportement, on pouvait savoir ce qui se disait aux infos. C’est pourquoi les dirigeants ont une responsabilité. Leurs déclarations dans les médias ont un impact énorme. Les terroristes les écoutent en permanence. La moindre déclaration irresponsable – c’est nous qui en payons le prix'', explique Sharabi. ''Ils nous disaient: 'On ne donne pas de nourriture à nos prisonniers, vous non plus vous ne mangerez pas.' 'On frappe nos prisonniers ? Alors on vous frappera aussi.' 'Ils n'ont pas de douche ? Vous n’aurez pas de douche non plus.'"


Sharabi décrit aussi comment il a commencé à réciter tous les jours ''Shema Israël'' lorsqu'il était en captivité: "Je ne suis pas un homme religieux, mais dès le moment où j’ai été enlevé, j’ai récité le 'Shema Israël' chaque matin – quelque chose que je n’avais jamais fait de ma vie. La force de la foi est incroyable. J’ai ressenti qu’il y avait quelqu’un qui veillait sur moi. Je faisais le Kiddouch pour moi-même et je récitais 'Eshèt Hayil' pour ma mère, mes sœurs, ma femme et mes filles'', raconte-t-il en larmes.


Malgré la douleur immense, les pertes immenses et les longs mois de captivité, Sharabi se considère chanceux: ''Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je ne suis pas en colère. J’ai eu la chance d’avoir Lyan pendant 30 ans. J’ai eu la chance d’être le père de ces filles extraordinaires. J’ai eu la chance de ne pas être tué. J’ai eu la chance, après 16 mois, de pouvoir retrouver ma famille. Je suis un homme chanceux''.


Son souhait désormais est de voir revenir tous les otages qui restent encore en captivité, en particulier la dépouille de son frère, Yossi mais aussi un jeune otage avec qui il partageait ses journées, pendant ces longs mois, Alon Ohel: "Il est entré dans mon cœur. Pour moi, je l’ai adopté dès le premier instant. Je sais tout sur lui, sur sa famille – chaque date, chaque passion de sa sœur, de son frère, de ses parents. Comment peut-on le laisser derrière nous ?".











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