Moshé Zar, pionnier de l’implantation juive en Judée-Samarie, membre fondateur de la célèbre unité 101 de Tsahal et figure majeure du mouvement sioniste actif, s’est éteint ce vendredi à l’âge de 88 ans.
Après la guerre de Kippour, influencé par la création du mouvement Goush Emounim, Moshe Zar s’est lancé dans l’achat de terres en Samarie, devenant un acteur incontournable dans le domaine. Pour enregistrer ces terres au cadastre jordanien, il a même fondé une société ad hoc, acquérant entre 1979 et 1982 plusieurs milliers de dounams dans une trentaine de villages arabes.
En 1983, il a survécu de justesse à une tentative d’assassinat : un vendeur de terres arabe avec qui il était en contact l’a violemment attaqué à la hache au visage et au cou, avant de lui tirer dessus et de le blesser grièvement. Longtemps hospitalisé, Zar a néanmoins recouvré ses forces.
Il est également connu pour avoir été le conducteur du commando qui, en 1980, a posé l’explosif ayant mutilé Bassem al-Shaka, alors maire de Naplouse, dans le cadre des activités de la cellule clandestine dite de la « mouvance juive clandestine ».
Dans une interview accordée en décembre 2015, Moshe Zar affirmait : « J’étais membre de la mouvance clandestine juive. J’ai été arrêté, j’ai avoué, j’ai payé le prix. Dès l’instant de mon arrestation, j’ai regretté mes actes. Aujourd’hui, je pense que ce genre d’actions ne relève pas des citoyens, mais de l’État, du gouvernement et du parlement. » Il s’adressait alors aux jeunes militants radicaux pour leur transmettre un message : « La seule manière de “frapper” les Arabes — non physiquement, bien sûr —, c’est par la construction de maisons en Terre d’Israël. Je suis opposé aux actes de représailles (“Tag Me'hir”), aux violences, à la casse de vitres ou à l’arrachage d’arbres. Ces actes ne nous servent pas ; ils nous nuisent. »
Père de huit enfants avec son épouse Yaël, tous résidant en Judée-Samarie et très engagés dans le mouvement des implantations, Moshe Zar laisse derrière lui une famille marquée par l’engagement et le sacrifice. Son fils Gilad a été assassiné en 2001 lors d’une attaque terroriste alors qu’il occupait la fonction de responsable de la sécurité du conseil régional de Samarie.
Après l'assassinat de son fils Gilad, Zar a acheté le terrain sur lequel a été fondée une nouvelle implantation: Havat Gilad, aujourd’hui peuplée par une cinquantaine de familles, dont son fils Itay et sa famille.
À l'automne 2023, après le déclenchement de l’opération Glaives de fer, Moshe Zar a entrepris une tournée de visites dans plusieurs bases de Tsahal, pour soutenir le moral des dizaines de ses descendants — enfants, gendres, petits-enfants et même un arrière-petit-fils — engagés comme soldats et officiers dans des unités combattantes.
Lors de l’une de ces visites, il est venu encourager son petit-fils, Ahia Shilo Shehem, alors mobilisé dans la Sayeret Nahal. Zar a déclaré aux soldats : « Quand le peuple d’Israël est uni, rien ne peut lui résister. » Il a conclu avec espoir : « Que le Tout-Puissant nous accorde la victoire malgré les difficultés », avant de citer le verset biblique : « L’Éternel donnera la force à son peuple, l’Éternel bénira son peuple par la paix. »
Les hommages officiels n’ont pas tardé. Yehonatan Kuznitz, président du conseil local de Karnei Shomron, a salué la mémoire de Zar, le décrivant comme « une figure exemplaire de l’implantation juive, animé par une foi profonde dans le droit du peuple d’Israël à revenir sur sa terre ». Il a rappelé le rôle central de Zar dans la fondation de Karnei Shomron et dans l’acquisition de terres en Samarie. « Sa maison, bâtie au sommet de la colline, est devenue un symbole de détermination et de fidélité sioniste. Sa mémoire éclairera la voie des générations futures de bâtisseurs et d’amoureux de la terre », a-t-il écrit.
Yossi Dagan, chef du conseil régional de Samarie, l’a qualifié de « légende vivante ». « Il était un héros d’Israël, fondateur de l’implantation en Samarie, un combattant audacieux, un homme sans peur. Toute l’entreprise de présence juive en Judée-Samarie doit lui être éternellement reconnaissante. Lors de ma dernière visite à son chevet à l’hôpital, il ne m’a demandé qu’une chose : “Réussis.” Nous poursuivrons son œuvre, avec encore plus de détermination, pour lui, et pour les générations à venir. »