Un projet de centrale solaire géante à Ramat Tsin, dans le sud d’Israël, suscite de vives inquiétudes environnementales. L'Administration des terres d'Israël souhaite y développer un complexe solaire de 110 000 dounams, soit deux fois la superficie de Tel-Aviv, pour répondre à près de la moitié de la consommation nationale d'électricité. Mais cette ambition verte s’accompagne d’un lourd tribut paysager.

La centre solaire Ashalim dans le désert du Neguev, opérationnelle depuis 2019, crédit : Nati Shohat/Flash90
Une centrale qui pourrait transformer le désert
Le site ciblé, une ancienne zone d’extraction minière, se trouve en plein cœur du désert du Néguev. La majorité du terrain serait dédiée à la production d'énergie solaire, mais le plan gouvernemental inclut aussi des infrastructures industrielles, comme des centres de données, des unités de stockage souterraines, un centre de recyclage de déchets électroniques, et même un pôle de recherche sur l’hydrogène vert et bleu.
Le gouvernement voit grand : les premiers appels d’offres devraient permettre à chaque parc de générer jusqu’à 500 mégawatts, ce qui propulserait Israël bien au-delà de son objectif actuel de 30 % d’énergies renouvelables d’ici 2030.
Une levée de boucliers écologiste et locale
Mais ce rêve énergétique se heurte à une levée de boucliers. L’ampleur du projet inquiète les organisations environnementales et certains élus locaux. Pour Dror Boimel, de la Société pour la protection de la nature, "il s’agit d’un changement de paradigme, pour le pire. Ces terres devaient être restaurées en milieux naturels, pas converties en zone industrielle énergivore".
A noter que le projet impactera directement l’un des segments du sentier national israélien, et risque de défigurer durablement les paysages désertiques vierges, si chers aux randonneurs et aux habitants.
Tensions au sein des collectivités locales
La majorité des responsables municipaux du sud approuvent l’initiative – à condition qu’elle soit rentable. Meir Tzur, chef du conseil régional d’Arava, a prévenu : "L’énergie, c’est bien, mais nous voulons savoir ce que les communes vont en tirer. Si le projet n’est pas économiquement avantageux, nous le refuserons."
À l’inverse, Erann Doron, chef du conseil de Ramat Néguev, s’est montré alarmé : "C’est un choc. On parle de l’un des paysages les plus précieux d’Israël. Même si la municipalité soutient le projet, il nous met mal à l’aise. La vallée de Tsin, c’est presque un sanctuaire national. Ce projet aura un impact pour des générations".
Un équilibre délicat à trouver
Le ministère de l’Énergie soutient pleinement l’initiative, tandis que le ministère de la Protection de l’environnement adopte une position prudente, appelant à un équilibre entre objectifs énergétiques et préservation des paysages désertiques rares.
La planification finale du site doit encore être présentée à la Commission nationale des infrastructures, où ces arguments croisés devront être arbitrés.