Du côté israélien, Yifat Alon-Perel, cheffe de la délégation et responsable de la politique commerciale au ministère de l’Économie, confirme que les pourparlers sont entrés dans leur phase finale : « Nous espérons annoncer très bientôt des baisses de droits de douane pour l’industrie israélienne », explique-t-elle. Mais elle prévient d’emblée : « Le taux ne sera pas identique pour tous les secteurs. »
Premier signe tangible : un accord agricole bilatéral signé cette semaine entre le ministre de l’Économie Nir Barkat et l’émissaire américain Jameson Greer. Dès le 1ᵉʳ janvier 2026, Israël accordera une exonération douanière à environ 300 produits alimentaires américains — viande, volaille, produits laitiers, fruits et légumes. Vingt-huit produits considérés sensibles par Israël -économiquement ou géographiquement- seront toutefois protégés par des quotas progressifs jusqu’en 2035, avant suppression totale des droits de douane.
L’accord agricole découle directement de l’annonce spectaculaire faite par Benyamin Netanyahou lors de sa visite à la Maison-Blanche en avril, lorsqu’il avait promis en direct de supprimer tous les droits de douane sur les importations américaines. Devant la fronde du lobby agricole, un compromis a été trouvée : souscrire à un mécanisme de subvention pour l’achat de blé américain, mesure symbolique mais contestée par le ministère des Finances.
L'industrie de défense, une priorité absolue
Israël tente de réduire en priorité les droits frappant l’exportation de matériel militaire, un secteur très différent des biens de consommation. Les exportations de défense sont destinées quasi exclusivement au gouvernement américain ; l’application mécanique de droits de douane y est jugée incohérente et contre-productive.
La négociation commerciale pourrait être perturbée par un autre dossier sensible : un désaccord entre El Al et le ministère des Finances autour d’une importante commande d’avions Boeing. Selon plusieurs sources, l’imposition de tarifs américains pourrait menacer l’équilibre économique de la transaction – un accroc qui pèserait directement sur le dialogue bilatéral.
Les chiffres rappellent l’ampleur de l’enjeu :
Exportations de biens vers les États-Unis en 2024 : 17,3 milliards $
Exportations de services : 16,7 milliards $
Importations américaines : 14,1 milliards $ -biens + services-
Aujourd’hui, 70 % des exportations israéliennes de biens sont touchées par les tarifs mis en place cet été : d’abord fixés à 17 %, puis abaissés à 15 %, alors qu’Israël espérait un taux de 10 %. Le nouvel accord pourrait enfin corriger ce décalage.