Le 7 octobre, la base Mo"F Sud, relevant du bataillon 51 de la brigade Golani, fut l’un des sites militaires les plus durement frappés dans le secteur de Kissoufim. Selon une enquête approfondie, la base a été temporairement conquise par des terroristes du Hamas, dont l’assaut — conduit par quelque 35 hommes armés — a piégé les soldats sur place, les empêchant d'intervenir à l'extérieur pour défendre les habitants civils du secteur.
Au moment de l’attaque, 33 soldats israéliens armés étaient présents dans la base, face à une force ennemie de taille équivalente, voire légèrement supérieure. Quatre soldats et officiers sont tombés au cours de cet affrontement intense.
Dès les premiers instants de l’offensive, des dizaines d’obus de mortier et de drones explosifs s’abattent sur la base. Les soldats et leurs commandants se replient alors vers les zones sécurisées : la plupart dans le réfectoire de la compagnie, d'autres dans des abris fortifiés et le poste de commandement. Les observatrices signalent alors l’infiltration de plus de 100 terroristes à travers 10 points d’entrée distincts dans le seul secteur de la compagnie. À 6h35, au moins 20 terroristes du Hamas, montés sur des motos, sont repérés en route vers la base.
À partir de 6h47, les terroristes pénètrent en masse dans l’enceinte de la base. Ayant compris que la majorité des soldats se trouvent dans le réfectoire, ils concentrent leurs tirs sur celui-ci à l’aide d’armes automatiques, de lance-roquettes, de grenades et d’explosifs. Deux officiers, dont le capitaine Shilo Rauchberger (z’’l), organisent alors la défense des deux entrées du réfectoire. Pendant plus de trois heures, un combat acharné s’engage pour empêcher les terroristes d’y pénétrer. Les soldats luttent avec un courage exemplaire, certains blessés continuant à se battre pendant que les infirmiers présents soignent leurs camarades.
Trois soldats perdent la vie lors de cette défense acharnée du réfectoire : le capitaine Shilo Rauchberger (z’’l), le sergent-major Shlomo Reshnikov (z’’l) et le sergent Amichaï Rubin (z’’l), tombés en protégeant l’entrée principale. Un quatrième, le sergent-major Dvir Haïm Ressler (z’’l), meurt en empêchant physiquement une tentative d'intrusion dans son abri fortifié, sauvant ainsi deux autres soldats. Les terroristes, ne parvenant pas à entrer, finissent par abandonner. D’autres tentatives d’intrusion, y compris dans le poste de commandement, échouent également.
Vers 9h, cinq soldats israéliens arrivent à bord d’un véhicule de patrouille et parviennent à extraire certains des soldats de la base, sans rencontrer de résistance. Des terroristes sortent de la base et installent des embuscades sur les routes d'accès, retardant l'arrivée d'autres renforts. C’est dans ce contexte qu’un officier stagiaire prend la décision de briser le siège. Bravant les avertissements concernant les embuscades, il accède à la base, prend le commandement des forces restantes et organise l’évacuation des blessés. Dans l’après-midi, il parvient à établir la communication avec un hélicoptère de sauvetage de l’unité 669, chargé d’extraire les blessés.
Alors que l’unité 669 procède à l’évacuation, des terroristes ouvrent le feu sur l’hélicoptère et les équipes de secours, tentant même de l’abattre. Deux soldats sont blessés. Dans l'échange de tirs qui s’ensuit, un groupe dirigé par le commandant de compagnie identifie et neutralise trois terroristes à courte distance ; une autre équipe élimine quatre terroristes supplémentaires. Par la suite, les forces israéliennes réorganisent la défense de la base et poursuivent les évacuations.
Conclusions de l’enquête
Une attaque surprise paralysante
L’infiltration massive, combinée à des tirs soutenus de mortiers, a neutralisé les capacités d’intervention de la base durant les premières heures critiques, empêchant les soldats de se porter au secours des localités voisines.Un combat héroïque et décisif
Malgré l’effet de surprise, la bravoure des soldats a permis de contenir l’ennemi et de limiter considérablement les pertes humaines à l’intérieur de la base. Leur ténacité a empêché un massacre.Le courage exemplaire d’un jeune officier et de l’unité d’évacuation
L’enquête salue particulièrement l’initiative de l’officier stagiaire, qui a pris des décisions cruciales dans un contexte de chaos, ainsi que les équipages aériens de l’unité 669, qui ont opéré sous le feu pour sauver des vies.Des défaillances dans la préparation à la défense de la base
L’enquête pointe néanmoins plusieurs manquements : la base n’était pas préparée à un assaut d’une telle ampleur. De plus, lorsque les sirènes ont retenti, les sentinelles ont quitté leurs postes pour se réfugier dans les zones sécurisées, contrevenant aux ordres et laissant la base sans couverture extérieure.